Adapter le roman de Thornton Wilder, prix Pulitzer en 1928, dans les années 2000 était une idée géniale, les moyens d'aujourd'hui permettant sans aucun doute de proposer une nouvelle adaptation bien plus mémorable que les deux précédentes, désormais extrêmement datées. La réalisation est donc confiée à Mary McGuckian et le casting international est juste impressionnant au même titre qu'un budget de 28 millions de dollars, largement suffisant pour offrir une production solide. Seulement voilà : la réalisation est confiée à Mary McGucklan...
Le casting, très hétéroclite et parfois prestigieux, avait de quoi mettre l'eau à la bouche... Côté États-Unis, Robert De Niro retrouve Harvey Keitel et sont accompagnés de Kathy Bates, F. Murray Abraham et Geraldine Chaplin. Côté France, Émilie Dequenne retrouve Samuel Le Bihan aux côtés de Dominique Pinon. Malheureusement, la réalisatrice n'arrive jamais à les diriger correctement et se contente de filmer bêtement cette pléiade de stars déblatérer des dialogues sans âme et ici sans la moindre conviction. Ainsi, ils n'y croient jamais et nous non plus, consternés devant tant de lenteur et d'ennui. Rien, pas une seule séquence, ne viendra nous titiller.
Le scénario, entremêlant flashbacks et procès, est pourtant passionnant, et la reconstitution du XVIIIe siècle est admirable, des décors aux costumes en passant par le langage de l'époque. Mais la platitude des répliques, le jeu d'acteurs parfois grotesque et le rythme incroyablement mou de ces deux heures de bobine nous font très rapidement décrocher. C'est d'ailleurs fort dommage que tout était prédisposé à rendre hommage au roman-phare de Wilder, cette histoire d'enquête-témoignage autour de la mystérieuse disparition de plusieurs personnes sur un fameux pont en pleine Inquisition espagnole reste une intrigue de qualité. Reste du film une immense erreur de parcours pour tous ses interprètes et une véritable perte de temps pour le spectateur le plus aguerri.