Evidemment, faut savoir ce que représente le mot "en". Mais, quand même, ça a une autre allure que le titre débile octroyé par les distributeurs français ? Surtout, qu'à ma connaissance, le film n'existe qu'en VO ; plus exactement, je n'ai toujours vu ce film qu'en VO. Pourquoi, diable, n'ont-ils pas traduit tout simplement le titre original "to have and have not" ?
Je ne connais pas ce roman d'Hemingway dont s'est inspiré le film mais quand je vois que c'est Faulkner qui a participé à l'élaboration du scénario, c'est quand même, aussi, une belle signature !
On est en 1940, en Martinique qui vit sous le régime de Vichy. Un marin, Harry Morgan, loue son bateau à des touristes pour des balades en bateau ou pour la pêche au gros. Bien que neutre et apolitique, à l'image de nombreux américains à cette époque, ce marin est mêlé contre son gré à la lutte de résistants français contre le pouvoir vichyste. La rencontre d'une belle et jeune femme, à bout de ressources, échouée à Fort-de-France va transformer sa vie…
Bien sûr, il y a le couple "mythique" Lauren Bacall et Humphrey Bogart, comme on dit … Même que c'est le premier rôle de Lauren Bacall et qu'il parait qu'Humphrey Bogart ne s'en est jamais remis...
Humphrey Bogart est dans son rôle habituel d'homme cynique, avide, plus ou moins border line mais dont le film se charge de lui révéler un cœur gros comme ça … Lauren Bacall incarne la femme fatale, un peu border line aussi mais indépendante tout en restant fragile. Elle est excellente dans ce film entre son regard sensuel, équivoque et sa voix basse. Le jeu du chat et de la souris au début de leur rencontre est assez délicieux…
Mais ce couple "mythique" est superbement mis en valeur par le reste du casting.
Entre Walter Brennan, un vieil ivrogne, homme à tout faire. Oui, mais c'est l'ami de Bogart. Et on ne touche pas à un ami de Bogart qui justifie son amitié par un beau et sincère "He thinks he is looking after me"
Puis Marcel Dalio, dans le rôle de Frenchie, excellent en membre de la Résistance qui s'oppose à Bogart. Son accent anglais est bien français, pas de doute, mais son jeu est tout en nuances le jeu de l'homme de l'ombre qui vit en pleine lumière…
Mais c'est le commissaire de la sûreté vichyssoise, Renard, (joli nom pour un flic !) qui me plait vraiment parmi les seconds rôles. Il est interprété par le (très) volumineux Dan Seymour qui fait dans la violence suave. Son comportement indigne "il fait gifler les jeunes femmes et torturer les vieillards ivrognes" va contribuer à la transformation de Bogart. Un point intéressant sur la méticulosité de la mise en scène de Hawks. Bien qu'américain pur jus, il parle anglais avec un bel accent français … Une réussite.
Parlons aussi des très beaux blues assurés par un excellent Hoagy Carmichael, pianiste et compositeur de jazz, pianiste dans le film, qui donne un rythme au film : Hong Kong blues, Am I blue ? et aussi le blues chanté par la belle voix basse de Lauren Bacall, How little we know.
Très belle réalisation de Howard Hawks, très beau film. J'aime beaucoup la force qui se dégage de ce film.