Le problème du « Prédicateur », c'est qu'il n'a pas vraiment de scénario. C'est plus le portrait d'un homme qui intéresse Robert Duvall, que l'on est un peu étonné, lui le républicain pur souche, de retrouver à la tête d'un tel projet. Car il leur met bien dans la tronche aux fanatiques religieux qui embrigadent les faibles et les influençables, ce que le film montre d'ailleurs brillamment. La relation qu'entretient d'ailleurs Sonny avec son ex-femme en est l'illustration parfaite, et instaure un malaise qui ne nous quittera jamais vraiment. Duvall a de plus l'intelligence de ne pas tomber dans le manichéisme en nous montrant que cet homme a beau être un manipulateur hors-norme, se cache au fond de lui une profonde sincérité dans ce qu'il fait et ce qu'il croit, si bien que notre jugement est souvent mis à mal. « Le Prédicateur » est toutefois surtout l'occasion pour Robert Duvall acteur de livrer une prestation hallucinante (bien supérieure d'ailleurs à celle derrière la caméra), assurément l'une des plus belles de sa riche carrière. Dommage donc que l'histoire soit plus prétexte à une suite de scènes montrant comment une ville entière peut se retrouver sous la coupe d'un excité religieux, car nul doute que nous aurions eu droit à un très bon film, on se contentera qu'il soit juste bon.