Jamais évident d'adapter Camus, encore moins lorsqu'il s'agit d'un roman inachevé... Gianni Amelio a su saisir la lumière si caractéristique d'Alger, tout comme son atmosphère ne ressemblant à aucune autre ville. De plus, Jacques Gamblin est un bel acteur, sobre, élégant et un « alter ego » très satisfaisant de l'écrivain. Reste que sans être totalement insensible à cette histoire (pour le coup les événements se déroulant dans les années 50 sont plus intéressants que les flashbacks), le film se traîne souvent (l'ennui est rarement loin) et a beaucoup de mal à incarner des idées, un propos...
On comprend, bien sûr, la teneur de l'ensemble et les réflexions globales sur la colonisation ou la mémoire, mais il n'y a pas d'émotion, comme si le réalisateur visait à la fois le drame intimiste et un public (un peu) plus large : pas franchement convaincant. Au moins est-ce sobre, sans effusion mal placé, la figure protectrice de l'enseignant ayant également quelque chose de réconfortant. Rien de déshonorant. Rien d'indispensable non plus.