I'm glad I spent it with you.
Vous voilà plongés dans le quotidien d'une de ces familles françaises pour qui le temps des départs est venu. Celui de l'aîné, d'abord, le futur médecin qui fait ce qu'il fait sans trop se poser de questions, qui semble subir la vie tout en en profitant à sa façon ; il sera suivi du cadet, le "rocker" de la famille, parce qu'il en faut bien un, celui qui est affectueux avec tout le monde tout en étant assez détaché, celui qui fait les choses au hasard, qui se rêve autre ; et puis il y a la dernière, qui souffre en silence de la décomposition de sa famille, et de ses amours dans son journal intime, qui vit dans sa chambre comme dans un cocon. Ces trois-là sont supportés à part égale par un père effacé mais pourtant on ne peut plus aimant, qui tente de jouer mieux le père que le sien, et par une maman-poule décalée, se cherchant alors que la maison se vide au fil des années. On nous fait comprendre que cette famille là est simple, qu'elle a ses faiblesses et ses atouts, qu'elle vit en son temps. On nous montre des scènes de complicité entre hommes, des bouts de vie arbitraires, des repas improvisés, des danses passionnées. On nous annonce que la vie ce n'est finalement pas si compliqué, que le temps ne s'arrête pas mais qu'on peut quand même le figer mentalement si on fait un effort, que ce soit à l'aide d'un appareil photo ou de quelques verres. On nous fait pleurer quand c'est le moment de pleurer, fait rire quand il faut rire parce que c'est important. On nous expose toutes les émotions qui peuvent composer une existence, on insinue qu'on ne peut y échapper, et qu'après tout c'est normal. Et puis on se surprend surtout, à apprécier de s'immiscer si intimement dans la vie d'une famille, à y goûter toutes les saveurs, et à y prendre part d'une certaine façon, rien qu'en chantonnant avec nostalgie les paroles du monument de Lou Reed.