Un soldat de l'Armée rouge, Duchen, nommé instituteur dans un village perdu de Kirghizie , doit affronter les moqueries des habitants, le poids des traditions et l'hostilité du Chef de la tribu, le baï. Les nombreuses coutumes locales rendent quasiment impossibles sa mission : le travail des enfants est considéré comme normal et personne ne voit quelle peut être l'utilité de savoir lire pour pratiquer l'élevage des moutons. Pour finir, une des écolières, Altynaï, tombée amoureuse du maître, est enlevée, apeurée et tremblante, puis violée par le baï en toute impunité.
Le ton de Konchalovski est, comme le scénario ne l'indique pas, impertinent et ironique. Avec son bonnet ridicule frappé d'une étoile, Duchen est décrit comme une sorte d'idéaliste naïf qui punit sévèrement l'enfant lui demandant si Lénine est lui aussi un mortel. Ses premières leçons consistent à faire répéter aux enfants So-ci-a-lisme. En pleine nuit, désespéré, il réveille tout le village en allumant un grand feu: Lénine vient de mourir.
Le film devient plus dramatique par la suite. Comme le maître s'oppose au baï, il se fait frapper, son « école » (une étable) est brûlée et il est finalement chassé du village car il est considéré comme le responsable de tous les malheurs. Seul contre tous,le premier maître ne se défilera pas.
Plus œuvre lyrique qu’œuvre de propagande, ce premier long métrage, sur un scénario de Tchinguiz Aïtmatov, a une belle photo qui montre Altynaï nue dans la rivière ou les magnifiques chevaux galopant dans des paysages qui s'étendent jusqu'à l'horizon.