Un soldat membre des Jeunesses communistes est délégué en 1923 par le gouvernement soviétique comme instituteur dans un village de Kirghizie. Sur la place principale, Diouchen se présente mais les rires, les moqueries et les réflexions ironiques accueillent sa déclaration. Soutenu par sa foi bolchevique, il fait face : une écurie délabrée, sans chaises ni tables, servira d'école. Un vieillard, touché par son courage, lui offre discrètement l'hospitalité.
Le lendemain, Diouchen s'improvise instituteur. Presque illettré, après avoir affiché le portrait de Lénine, il déroule son catéchisme politique. Que ses élèves n'aient crainte de lui poser des questions, il y répondra !
- "Est-ce-que tout le monde va mourir ?"
- "Oui, tout le monde ! Moi aussi je vais mourir et vous aussi !"
- "Même Lénine ?" L'Apôtre se fâche tout rouge et punit "l'insolent". N'abusons pas de la liberté d'expression ! Les plus jeunes fondent en larmes, tous font tristes mines. Confronté au désastre, le maître rumine sa première leçon...
Des adolescents rejoignent le noyau de fidèles, mais certains n'aiment pas l'instituteur et quittent l'école. Les autres comme Souvan, puni pour l'acuité de son intelligence, veulent apprendre. Altynaï, une orpheline de seize ans exploitée par sa marâtre, s'attache à leur jeune maître. La majorité des villageois demeurent hostiles car leurs enfants ont toujours gardé les troupeaux. Quel gâchis que cette l'école ! Au surplus l'écurie n'est plus disponible... Tous vivent sous la coupe du Baï Nadbek, qui leur fait crédit pour mieux les gouverner. Le pouvoir absolu du Baï se heurte à l'autorité naissante du missionnaire. Au cours d'une fête leur rivalité se déchaîne à cause de la belle Altynaï...
Inspiré d'une nouvelle de Tchinguiz Aïtmatov, "Le Premier Maître" est-il un film de propagande ? Oui, mais pas complètement. Le héros est moqué, conspué par les villageois, souvent en fâcheuses postures, frappé par le Baï et ses comparses... C'est inhabituel dans un film de propagande... Plein d'enthousiasme pour la Révolution mondiale, Diouchen participe au sens de l'Histoire. Sa volonté est une goutte d'eau d'une Volonté océanique. Un tel culte de la Volonté explique son obstination. Le soldat au bonnet frappé de l'étoile rouge accepte le risque d'être blessé ou même tué. Finira-t-il martyr ?
Le vieux sage qui l'héberge couve amoureusement un peuplier, seul arbre du village. Planté par son grand-père, il symbolise la continuité des générations et l'espérance d'une vie meilleure. Mais pour le maître, l'école est l'unique symbole d'un avenir radieux. Du passé faisons table rase ! Sa lutte fanatique contre les traditions, bonnes et mauvaises, n'admet nulle exception. Le communisme a peu de respect pour la nature et pour la vie sous toutes se formes - même humaine.