Camembeurre
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Bon, il faut dire que regarder ce film sur Youtube, avec une qualité approximative, où certains intertitres sont quasiment illisible, n'aide pas ; surtout que l'intrigue est tout de même assez complexe, avec ses sauts dans le temps combinés à des flashbacks. Malgré tout, je pense que cette difficulté à suivre le film vient aussi d'un scénario assez bancal, ou du moins tiraillé entre deux voies. D'un côté, on a un récit finalement assez cruel ; et la manière qu'il a d'être montré, avec, donc, ces fameux flashbacks, donne l'impression d'un côté satirique, ironique : la vertu, la bonne conscience qu'affectent de se donner le personnage bourgeois et le milieu bourgeois ("je n'épouserais pas ce plan cul pour sauver mon honneur") est pondéré, sévèrement mis en cause par le récit des malheurs endurés par le fruit de son "incartade". La construction narrative se justifie de ce point de vue : il faut que l'on assiste aux atermoiements et à la crise de conscience du petit bourgeois pour ensuite en mesurer toute l'hypocrisie et le narcissisme quand on voit le désastre qu'il provoque. Mais ensuite, le film enchaîne sur un récit de rédemption ; mais pourquoi du coup s'être montré si caustique envers son personnage dans un premier temps ? Cela nous le rend franchement antipathique, ridicule, et du coup son parcours vers la lumière ne nous intéresse pas tellement... Il fallait croire dès le départ en son personnage pour que l'on puisse alors éprouver de l'intérêt à la fin de son parcours ; plutôt que de le mettre si frontalement en face des conséquences de son acte qu'il apparaisse alors comme lâche, pleutre, petit, mesquin.
Après, le film n'est pas totalement dénué d'intérêt. Sa première partie, justement, par cette manière sophistiquée de faire naître l'ironie, est tout à fait instructive à regarder. Et puis il y a un certain talent pour la plastique de l'image qui se démarque, notamment dans une étonnante scène de procession : on ne voit que de brumeuses traînées oranges émergeant d'un fond noir, ce qui crée ainsi, l'espace d'un court et curieux instant, une furtive fascination.
Bref, coup d'essai qui n'est certes pas un coup de maître, mais pas non plus un coup manqué.
Créée
le 26 mai 2020
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