Après avoir réalisé le premier Batman de sa trilogie, Nolan prend une pause en réalisant le Prestige. C’est l’occasion pour lui de revenir à ce qui fait l’essence de son cinéma, le questionnement de la narration et du medium. Le Prestige raconte le parcours parallèle et croisé de deux magiciens anglais de la fin du XIXème siècle. Confrères puis ennemis jurés, ils vont s’affronter par numéros interposés, tentant tous les deux d’atteindre les sommets de leur art fait d’illusion, de trucage, de mensonges, de secrets et de foi. A vrai dire, j’ai plutôt peiné au début à comprendre les rapports entre les personnages. Parce qu’il m’a paru qu’ils se ressemblaient d’une part (alors qu’en fait non) et parce que la chronologie n’est pas tout à fait linéaire sans être tout à fait explicite sur son fonctionnement. Bref, j’ai eu du mal à rentrer dedans. Mais l’intrigue est parfaitement bien construite et l’on se prend vite au jeu du suspens. Si tout ça est vif, il reste tout de même quelques passages qui semblent traîner en longueur et on aurait aimé que les événements soient plus resserrés. Disons qu’il y a probablement un quart d’heure en trop. Visuellement, c’est réussi et on est plongé sans peine dans cette ambiance de fin de siècle, de décadence, de renaissance. Car au centre du récit, en creux, c’est bien de cinéma dont il s’agit. Et l’époque choisie n’est pas un hasard. Par sa thématique, le film nous rappelle que le cinéma est le prolongement technique de la photo mais surtout l’héritier de la magie et de la prestidigitation. Le film est découpé selon le même principe que le numéro de magie, principe expliqué dès le début du film, tant pour comprendre les enjeux de l’intrigue que pour nous indiquer que nous sommes dans un méta-numéro. On pensera du coup forcément à Méliès et c’est heureux. Ce jeu de miroir fonctionne bien et donne de l’épaisseur à un film qui peu paraître brouillon par moment. En clair, un suspens qui se tient bien, des seconds rôles savoureux et une richesse thématique bienvenue. Une réussite donc mais certainement pas le meilleur film de son auteur.