Regardez attentivement... Mais pas trop hein !
Ayant entendu depuis un petit moment la bête, et en grand passionné de magie (oui, oui) et d’œuvres te poussant à te secouer les méninges, j'ai décidé de m'attaquer à l'un des films du si estimé Christopher Nolan. Je me mets dans l'ambiance, prêt à tout, et impatient de voir si ce que je n'avais pas apprécié chez Interstellar et Inception étaient juste des cas individuels ou s'il s'agissait d'une véritable maladie chez ce réalisateur. Et il semblerait quand même qu'inévitablement, et malgré tout le talent que je dois lui reconnaître, Nolan a tendance à retomber toujours dans les mêmes travers.
Pour commencer, le Prestige a le mérite d'être aussi beau et attractif visuellement que les spectacles qu'il présente. L'image est soignée et rarement reproche, la mise en scène appréciable malgré un début un peu confus, et le jeu avec les contre-champs bien utilisé, même si un peu trop par moments, ce qui donnerait presque le tournis. Le casting est vraiment de choix, le duo principal de Jackman et Bale est brillant, les personnages secondaires doués et marquants (Andy Serkis, ça fait du bien de te voir en chair et en os de temps en temps !), et à part une Scarlett Johannson un peu fade (pour changer), on s'extasie vraiment devant ce haut de gamme très appréciable. La bande-son est pas mal du tout, et surtout très présente sans être marquante. Certains en diraient que ce n'est pas forcément un bien, moi je répondrais que ce n'est pas forcément un mal non plus. Bref, on a vraiment du bon sur tous ces points, Nolan posant ses balls sur la table et montrant que quoiqu'en diront ses détracteurs, il sait utiliser comme il se doit sa caméra pour épater son public, quel qu’il soit. Le problème, c'est que la forme ne suffit pas toujours, et celle-ci n'étant pas non plus révolutionnaire, elle est très dépendante d'un scénario et d'un rythme eux-même très mis en avant, par la magie du suspense et des twists. Et que donne donc ce fond, alors ?
Eh bien, c'est là que ça se gâte sérieusement. Premièrement, si le rythme est bien plus soutenu et plus puissant que dans Interstellar, il lui reste quelques longueurs peu appréciables, le rendant inégal (quand je regarde le temps qui passe ou me distrait du film en étant dans de bonnes conditions, c'est jamais bon signe). Enfin, le scénario est là où tout tourne au vinaigre, Nolan repartant dans ses travers. Une fois encore, Nolan guide trop ses spectateurs à mes yeux, il donne des indices, c'est bien, sinon le twist est trop facile, mais là pour le coup, il en fournit une quantité démentielle, et surtout beaucoup trop tôt. A la moitié du film, je savais déjà à 100% le secret de "Jackmen", c'était une telle évidence que je me disais qu'ils allaient sans doute le révéler d'un moment à un autre. Mais non, et c'est là que ça coince, Nolan nous fait miroiter ce mystère jusqu'à la toute fin, comme-ci il y avait encore une once de doute sur la vérité. Il le garde tellement en réserve que je me demandais presque à la fin si il ne préparait pas quelque chose, si ce n'était pas des fausses pistes vers une chose toute différente. Et quand on commence à penser cela, et qu'au final, le twist est celui téléphoné depuis au moins une bonne heure, ça fait mal, très mal. Encore plus quand le rythme est cassé comme dans ce film. Certaines scènes sont répétées plusieurs fois, histoire de bien rappeler au spectateur ce qu'il avait forcément oublié en une heure, d'autres sont allongés dans un faux suspense puisqu'on a deviné la fin depuis longtemps. Le secret de Bale est assez simple à trouver aussi si on le cherche, bien qu'un peu plus subtil, et dans tous les cas, on s'attend au retournement de situation. Et quand une histoire loupe son twist final, forcément, la pilule a du mal à passer.
Pourtant, j'ai tout de même apprécié ce film. Déjà parce que ses travers sont bien moins présents qu'avec les autres films de Nolan, et que son scénario, twists mis à part, reste très agréable. Deuxièmement, parce qu'au final, le jeune réalisateur arrive à faire son propre spectacle, son propre prestige avec ce film. Car je pense que c'est bien comme cela qu'il a vu son film. Comme le dit ce cher Hugh, le prestige sert à émerveiller les gens, les impressionner. Ces derniers ne cherchent pas à prendre les clés que leur tend le magicien, ils veulent juste du spectacle, et à ce niveau le Prestige a fait son effet. Beau, surprenant, plein de tours de malice pour jouer avec le spectateur, tout est là pour rendre ce film magistral. Mais soyez un détracteur, ou un homme partageant le point de vue plus obsessionnel, plus intellectuel de Bale, et vous serez rapidement déçus de voir sur quel fil tient cette fameuse magie.