Le spectateur transporté

Lorsque je vois Le Prestige pour la première fois, je ne connais de Christopher Nolan que la trilogie du Dark Knight et l'excellent Memento. Intrigué par un casting prometteur, avec Christian Bale et Hugh Jackman, je tente l'expérience. Et c'est la grosse claque. Quel film. Par où commencer ?

Le Prestige est avant tout brillant dans sa mise en scène : Nolan devient magicien lui même en nous montrant la "vraie" magie. Rendre réaliste les tours les plus fous, c'est un coup de maitre que le mauvais Insaisissables ne parviendra pas à réussir par la suite. Ici, on croit et on comprends ce que l'on nous montre, et on accepte même quand le scénario s'écarte de ce réalisme vers la science fiction. Le réalisateur gère aussi très bien sa caméra, en nous gratifiant de plans chocs (notamment le tout dernier plan du film, qui m'a hanté au premier visionnage).

Le scénario est néanmoins le tour de magie le plus impressionnant ici. On vit, au travers du récit non linéaire du journal de chacun des deux magiciens, une rivalité qui va s'étendre sur plusieurs années, où l'admiration devient obsession et la camaraderie devient haine. Le personnage de Jackman, fou de rage d'avoir perdu l'amour de sa vie par la faute (probable ?) de son rival, ne rêve que de se venger, d'abord par la violence, puis en devenant meilleur que lui. Mais cette vengeance ne devient au fur et à mesure qu'une excuse à l'obsession : être le meilleur magicien. De l'autre coté, Christian Bale campe un personnage torturé et lunatique, et si le casting secondaire a de la gueule (Michael Caine, Scarlett Johansson, David Bowie, Andy Serkis...) c'est bien le duel entre ces deux acteurs qui nous impressionne de bout en bout du film, malgré une durée assez longue (2h10).
Et que dire de la fin ? Inattendue et pourtant évidente quand on y réfléchit, c'est un véritable bijou de la catégorie "twist". Le Prestige est un chef-d'œuvre, le meilleur film de Nolan selon moi et le premier film que je conseille lorsque on me demande "un bon film à regarder". Mais n'oubliez pas... Soyez attentifs.