Peu connu, ce film n'en est pas moins, au moins à mes yeux, un Sidney Lumett majeur, ainsi qu'un petit diamant noir du cinéma américain des 60s.
À l'image de son magasin, filmé de manière claustrophobe et carcérale, le personnage de Sol est à la fois prisonnier de ses souvenirs, de sa culpabilité de survivant, d'un amour dont il ne parvient pas à faire le deuil et d'une ville, autant dire d'une vie, à laquelle il reste obstinément étranger.
Tout le film nous immerge dans le cauchemar de cet homme, ne parvenant à garder la tête hors de l'eau que parce qu'il a, au retour de la guerre, rangé son humanité dans un coin de son local, vivant comme un zombi jusqu'à ce vingtième anniversaire.
Cette piqûre de calendrier a pour effet d'ouvrir en lui une brèche, et il commence à voir ses souvenirs surgir de partout, dans les rues, filmées à l'arrachée, dans le métro... des détails font échos, comme autant de coups de couteau.
The Pawnbroker est ce portrait d'un homme qui fuit et fini justement acculé par sa fuite même, n'ayant plus d'autre choix que de se faire face à lui même, de briser cette carapace protectrice devenu avec le temps son pire poison.
P.S. : La bande originale par Quincy Jones, ça participe aussi.