L'histoire d'un survivant de la Shoa, qui a perdu toute foi en l'Humanité et déteste donc tout le monde. Il est lui-même totalement déshumanisé et ne ressent plus le moindre sentiment. Il ne croit plus qu'en l'argent, travaillant dans sa petite boutique du Bronx. Il a comme unique employé un jeune mexicain, qui essaye de se débarrasser tant bien que mal de ses mauvaises fréquentations..

Le film a recourt à de nombreux flashbacks (le monteur a dû s'amuser) pour évoquer le passé du personnage dans les camps, ce qui nous permet encore plus fortement de comprendre la haine exercé par cet homme sur la race humaine. Ces flashbacks naissent souvent de situations réelles, qui sont mises en parallèle avec certains souvenirs de camps: la violence du quartier lui rappelant celles des camps, une prostitué lui rappelle sa femme, devenue esclave sexuelle des allemands etc..
Mais malgré ce lien, la population du Bronx est globalement montrée sous un jour optimiste, prête à "accueillir" notre prêteur sur gages. Ainsi, même lorsqu'ils n'ont rien à lui vendre, les habitants viennent volontiers lui donner un brin de causette, ce à quoi notre homme se refuse continuellement, préférant se murer dans sa solitude. D'ailleurs, on remarquera qu'il est souvent filmé en "cage", autant métaphorique, que réelle. A force de dédaigner tous ses habitants (à commencer par son propre employé), finira-t-il par être confronté à certaines tensions..

Heureusement, et comme on l'imaginait au départ, un brin d'humanisme achèvera le film, permettant à cet homme de s'ouvrir enfin au monde. Même s'il faudra passer pour cela par la souffrance (autant physique que morale), traduisant un premier pas vers les "autres", pour notre homme.

Le petit problème de ce brillant long-métrage, c'est que pour surement coller au sujet, tous les personnages du film sont antipathiques, à commencer par le rôle principal, ce qui m'a plutôt empêché de rentrer pleinement dans le film ou de ressentir quoi que ce soit à son égard (bien qu'évidemment, la fin et le film dans son ensemble, ne laisse pas indifférent, qu'on se le dise).
Rod Steiger interprète parfaitement cet homme. Sur la fin du film, je lui ai d'ailleurs trouvé une forte ressemblance physique avec Marlon Brando.

On ne sait peut-être pas toujours où le film veut nous mener, on s'attarde probablement trop sur certains personnages secondaires et c'est même un peu lourd parfois, mais le film fait absolument froid dans le dos.
New_Born
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top films (re)vus en 2014 et Sidney Lumet

Créée

le 2 août 2014

Critique lue 651 fois

11 j'aime

3 commentaires

New_Born

Écrit par

Critique lue 651 fois

11
3

D'autres avis sur Le Prêteur sur gages

Le Prêteur sur gages
New_Born
6

Ah.. Lumet m'a encore illuminé !

L'histoire d'un survivant de la Shoa, qui a perdu toute foi en l'Humanité et déteste donc tout le monde. Il est lui-même totalement déshumanisé et ne ressent plus le moindre sentiment. Il ne croit...

le 2 août 2014

11 j'aime

3

Le Prêteur sur gages
-Absalon
9

Un Tribunal dans le Désert

Un tribunal dans le désert, un grillage dans la mémoire. Nous parlerons ici de quatre films, disséminés entre 1957 et 1972. Nous parlerons de quatre films qui, en plus de partager leur réalisateur,...

le 13 déc. 2015

7 j'aime

2

Le Prêteur sur gages
ZayeBandini
8

Le prêteur en cage

Peu connu, ce film n'en est pas moins, au moins à mes yeux, un Sidney Lumett majeur, ainsi qu'un petit diamant noir du cinéma américain des 60s. À l'image de son magasin, filmé de manière...

le 11 janv. 2022

2 j'aime

1

Du même critique

Interstellar
New_Born
6

Intermarché.

Interstellar, c’est le film dont tout monde parle en ce moment. Que ce soit sur le site bien évidemment, mais également par vos collègues ou vos amis, vous ne pourrez y échapper. Il faut dire que...

le 10 nov. 2014

79 j'aime

55

Boogie Nights
New_Born
8

"I'm Dirk Diggler. I'm the star. It's my big dick and I say when we roll."

En guise de préambule, je tiens à préciser que je suis un fan inconditionnel de Paul Thomas Anderson, que Magnolia est mon film préféré, et donc, si je manque de discernement lorsque je parle de lui,...

le 3 janv. 2013

68 j'aime

8

American Beauty
New_Born
10

Quelques pétales de roses..

American Beauty raconte l'histoire d'un homme, Lester, qui décide de changer. Sa femme le méprise, et il ne parle quasiment plus à Jane, sa fille. Un soir, alors qu'il vient à la danse d'ouverture...

le 1 avr. 2012

61 j'aime