Avec Le Prêteur sur gages, Sidney Lumet signait un film d'un grande modernité en cette année 1965. Le scénario n'est aucunement spectaculaire, avec cette histoire d'un gérant d'un mont-de-piété d'Harlem hanté par son passé de survivant d'un camp d'extermination nazi et qui craque soudainement sous la pression. Ce film fait une peinture du Harlem des années 60 tout à fait neuve pour l'époque au cinéma, on avait jamais vu un réalisme aussi sordide des couches populaires et urbaines des États-Unis, les proxénètes, les truands minables, les prostituées et les dingues en tout genres. Sidney Lumet à la fois grand technicien et merveilleux directeur d'acteurs réussit à nouveau son coup, notamment au niveau du découpage de certaines scènes avec des formidables champs/contre-champs et du montage parallèle; quant à sa direction de jeu, c'est souvent étonnant avec un Rod Steiger double, d'abord taiseux et renfermé pour ensuite devenir totalement grimaçant et exprimant sa douleur interne.