Le Prince d'Égypte par Alligator
sept 2009:
Dans le concert cinéphagique de mes petits et grands plaisirs viennent parfois s'immiscer de tout aussi petits et grands dégoûts. Parmi les grands, les films religieux ne sont pas loin de tenir le haut du panier. S'ils se mêlent de vouloir moraliser le spectateur par des biais plus ou moins révélés, le dégoût s'en trouve surmultiplié et peut provoquer de l'irritation qui se manifeste par un resserrement douloureux des mâchoires, une irrépressible envie d'appuyer sur la touche rapide du lecteur ou bien encore une poussée d'urticaire cutanée ou des vomissements violents nécessitant une hospitalisation.
En ce qui concerne de Prince d'Egypte, ce n'est pas tout ce prosélytisme à deux balles qui fatigue mais l'enrobage mélodramatique sirupeux, l'espèce de boursouflure pathétique qu'une mise en scène ampoulée s'ingénie à tartiner.
Pour survivre à ce genre de bouse mystique, je m'efforce la plupart du temps de me convaincre que je vois là un film appartenant au genre fantastique, mythologique en faisant abstraction du fait que des êtres humains sensés, rationnels, intelligents prennent véritablement ces contes pour enfants comme des évènements plus ou moins historiques, réels, avérés. Oublier le religieux, focaliser sur le genre fantastique ou merveilleux. Même en prenant ce prince d'Egypte pour un récit de légende, l'esthétisation, le spectacle de la souffrance, l'excès d'effets théâtraux et visuels ont largement contribué à la pesanteur du film. J'en suis arrivé à trouver Les 10 commandements de Cecil B. DeMille légers et aériens.
Heureusement la technique parfois impeccable -l'ouverture de la Mer rouge est tout simplement magnifique- donne au film quelques lettres de noblesse. C'est bien fait mais pour un film très chargé, d'un rococo assourdissant (comprenne qui voudra).