Thierry Lhermitte, Patrick Timsit et Alain Corneau s'offrent des vacances de rêve sur une île paradisiaque: le spectateur s'ennuie.
Depuis quelques semaines, Lhermitte et Timsit se retrouvent sur tous les plateaux TV d'émissions à la mode pour faire la promotion de leur dernier film: Le prince du Pacifique qu'ils vendent comme une comédie d'aventure, un divertissement familial ensoleillé pour les fêtes de fin d'année. Soit, mais en général quand les artistes s'étalent à outrance dans les médias, c'est qu'il est impératif de vendre le produit, car on doute de ses chances de succès au box-office. Et c'est le cas, avec ce film: Lhermitte, Timsit et Corneau se sont transformés en bonimenteurs pour convaincre le plus grand nombre à se précipiter dans les salles dès le premier jour de sortie du Prince du Pacifique, car ils doivent bien se douter que le bouche à oreille ne sera sans doute pas en leur faveur. Voici en quelques mots de quoi il s'agit.
En pleine Guerre de 14-18, le Capitaine Alfred de Morsac (Thierry Lhermitte), blessé aux champs d'honneur, est envoyé dans les mers du Sud afin de former un bataillon de tirailleurs océaniens. Arrivé sur une île dirigée de main de maître par le commandant Lefebvre (François Berléand bien en dessous de ces capacités) qui s'adonne à un trafic d'esclaves, de Morsac croise un enfant qui reconnaît en lui le Treaora, figure mythologique salvatrice. Avec l'aide d'un petit escroc nommé Barnabé (Patrick Timsit), il va déjouer l'odieux commerce de Lefebvre et se transformer en dieu vivant.
Un, on est sensé rire, ou du moins s'amuser: les dialogues sont d'une platitude exemplaire qu'ils semblent avoir été écrit à la va-vite.
Deux, on devrait être captivé par les aventures exotiques de cette petite équipe: la canicule qui règne sur l'île a dû peser sur le moral des troupe tellement le film souffre d'un rythme balourd qui tend presque au ralentit.
Trois, on devrait s'émerveiller à ce mélange d'exotisme et de spiritualité: on est loin du conte et l'ensemble s'achève par une morale cul-cul la praline que ne renierait pas le pire dessin animé japonais qui faisait les beaux jours des émissions de Dorothée dans les années 90.
Alors, on se dit que cette supercherie fut un prétexte à toute une infrastructure de cinéma pour se payer des vacances de luxe sur un petit coin de paradis. Mais, comme il faut justifier les moyens financiers énormes investis dans cette entreprise, on utilise les restes du budget pour faire une campagne de promotion à l'américaine afin que le premier jour d'exploitation soit le meilleur de toute la carrière du film. Cette manière de procédée chère aux Américains est indigne de la part d'une cinématographie française dont le cheval de bataille se nomme exception culturelle.