Il y a des films qu'on doit voir, pas forcément par envie, mais par devoir ; ça n'est pas extrait d'une phrase d'un certain homme politique, mais de la théorie des auteurs où, bien qu'on peut les aimer, il faut voir aussi bien le bon grain que l'ivraie. Je parle en l'espèce d'Alain Corneau, réalisateur que j'aime beaucoup, qui a pondu des chefs d’œuvres comme Série noire, mais comme tout le monde, il a pu se planter. A sa décharge, il faut dire que le projet est une commande apportée par Thierry Lhermitte, qui voulait travailler avec le réalisateur.
Celui-ci joue un capitaine de l'armée française qui, pendant la Première Guerre Mondiale, va vouloir recruter des Polynésiens afin de les envoyer au front sur le territoire. Il va être enchanté par la beauté du décor, mais aussi être pris à tort pour une divinité. Celui-ci va devoir les délivrer du joug d'un méchant commandant, incarné par François Berléand, accompagné d'un escroc que joue Patrick Timsit.
C'était le gros gros film d'aventures français de 2000, avec des moyens gigantesques, tournage dans les îles, gros casting où on peut rajouter Marie Trintignant, et pourtant, la sauce ne prend pas. Tout simplement parce que déjà l'histoire est d'une indigence rare, résumée à ce que j'ai écrit plus haut, auquel on peut rajouter un Patrick Timsit en roue libre, qui doit imiter Gérard Jugnot dans les cris porcins. Il est vraiment insupportable, mais je pense qu'il a été choisi afin de réitérer le duo d'Un indien dans la ville, mais ça crée un terrible contraste avec Thierry Lhermitte, lequel a deux expressions ; sourcil levé ou sourcil abaissé.
Il reste François Berléand dont on voit qu'il s'éclate à faire le méchant, et dont on peut même dire qu'il est effrayant à vouloir pousser la folie aussi loin, notamment en tuant des gens de sang froid, et même un enfant, mais là, il le manque. C'est vraiment la seule attraction du film, que j'ai trouvé d'un ennui mortel, sauf les scènes d'intro et de conclusion, où on voit que tout le récit est un flashback, et où les maquillages vieillis des deux acteurs sont épouvantables ; on dirait qu'ils ont 200 ans, couverts de tonnes de latex. Ça sera sans doute le même maquilleur fou qui travaillera sur J.Edgar de Clint Eastwood...
Encore une fois, ça coule à pic, et on oublie cette faute d'Alain Corneau.