L'aspect satirique de la comédie de Corneau consistant à épingler le système colonial français (et son corollaire des années 14-18 :le recrutement de soldats indigènes) est trop superficiel pour qu'on lui trouve la même saveur que dans "La victoire en chantant" d'Annaud. C'est un thème original mais secondaire dans une comédie d'aventures dont le développement manque d'envergure, à l'image de cette île du Pacifique qui constitue le décor unique et étriqué de l'action. Les auteurs et les personnages semblent y tourner en rond au coeur d'une action fondée sur une légende indigène ancestrale et sur l'antagonisme entre le capitaine de l'armée française qu'incarne Thierry Lhermitte, héros de la guerre chargé d'enrôler des soldats, et un officier local psychotique (F.Berléand).
Quelque peu artificiel (on peut deviner le procédé de la comédie familiale à travers le rôle d'un enfant), le sujet s'appuie sur un exotisme de pacotille et sur des protagonistes très, voire trop, caractérisés. Patrick Timsit n'échappe pas à son emploi rondouillard et franchouillard; Thierry Lhermitte incarne un militaire rigoureux et bourré de principes; tandis que Berléand force un rien sa maladie mentale. Quant à Marie Trintignant, son rôle n'a que l'utilité d'être le personnage féminin du film. Leur composition généreuse na masque pas toujours les insuffisances d'un scénario un peu lisse.