Pas mal critiqué à sa sortie, « Le Prince oublié » n'est, certes, pas le meilleur film de Michel Hazanavicius. Pour autant, il serait injuste, voire malhonnête de ne pas voir quelques-unes de ses belles qualités. Cette plongée dans le « monde des histoires », imaginer ce qui pourrait arriver aux personnages lorsque ceux-ci ne sont pas « racontés » aux enfants, cette métaphore du cinéma à travers ses studios presque hollywoodiens, des couleurs aux costumes criards bien en phase avec les pensées « bambinesques », une « double » prestation d'Omar Sy convaincante et même assez touchante, les relations père-fille sonnant relativement juste. Malheureusement, une fois passé ce constat, ça ne va pas beaucoup plus loin.


Nous sommes loin du Hazanavicius des « OSS 117 », se pliant ici clairement aux codes du divertissement familial et bien-pensant, presque aucune saillie piquante ou provocatrice ne venant contredire cette impression. De plus, sur un sujet différent mais avec plusieurs points communs, l'ensemble souffre beaucoup de la comparaison avec « Vice-Versa », reprenant parfois (en moins bien) des scènes et des réflexions presque à l'identique. Enfin, si on finit par accepter certaines « libertés » du scénario, des incohérences demeurent (l'écriture et le rôle du « méchant » sont un vrai problème), notamment lors du dénouement, dont certains aspects auraient clairement mérité d'être approfondis (même si ce n'est plus la même interlocutrice, les personnages des histoires peuvent donc rester ainsi à l'identique?).


D'ailleurs, sans être antipathique, cette conclusion, alors qu'était précédemment évoquée la mort et quelque chose d'assez touchant sur la fin de l'innocence, vient diminuer la portée du propos, preuve d'un réalisateur ayant fait beaucoup de concessions au nom du plus large public possible. Cela aurait été quelqu'un d'autre que l'auteur de « The Artist », cela serait sans doute mieux passé. Là, on est en droit d'être frustré, sans pour autant passer un mauvais moment, ni renier un scénario séduisant par certains aspects, à défaut de s'émanciper des codes de la grosse production familiale. Mitigé, donc.

Caine78
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le 26 déc. 2022

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