Flingués au premier regard

Voilà presque 20 ans que je n'avais pas revu en intégralité "Le Prix de Danger". Je gardais le souvenir d'un film audacieux mais un peu vieilli. Etrangement, je trouve aujourd'hui qu'il se bonifie avec le temps...

Alors oui, certains aspects apparaissent toujours kitsch. Comme ces (courts) numéraux musicaux sur le plateau TV. Ou ces personnages secondaires doublés de manière parfois caricaturale. Mais on peut aisément les mettre de côté pour apprécier cette satire féroce.

Nous sommes donc dans une France futuriste maussade, où le chômage est partout. Pour divertir les masses (et s'en mettre pleine les poches), une chaîne de TV crée "Le Prix du Danger". Une émission où un chômeur doit échapper à des tueurs afin de remporter un gros chèque.

Première bonne idée : avoir tourné le film en partie en Yougoslavie, afin de filmer ce futur poisseux dans une architecture froide, terne, et inhabituelle. Ensuite, Yves Boisset se régale, taclant allègrement et pertinemment la télévision, et surtout les mécanismes de la future télé-réalité racoleuse, avec 20 ans d'avance. Jusqu'à un final assez pessimiste.

Pour autant le portrait est nuancé, avec les producteurs joués par Bruno Cremer et Marie-France Pisier. S'ils sont vicieux, ils ont la tête sur les épaules et une vraie intelligence. Le summum étant le présentateur hypocrite, manipulateur et cynique incarné par un Michel Piccolo très en forme. Certes cabotin sur les bords, mais c'est le personnage qui veut cela.

A côté malheureusement je n'en dirai pas autant de Gérard Lavin. Plus anecdotique, et dont le personnage, pourtant le héros, n'est pas particulièrement attachant.

Par ailleurs "Le Prix du Danger" est un film qui divertit encore très bien. Si la fameuse émission ne représente qu'une petite moitié du métrage, il démarre sur les chapeaux de roue, et nous présente son univers de manière intéressante.