Juge et partie

Était-ce voulu ?
Après une introduction particulièrement violente, l'ennui me gagne peu à peu. Les dialogues, peu soutenus, décrédibilisent les dirigeants de télé et amoindrissent, par leur banalité, la cohérence du couple Lanvin-Lasure. Domine l'impression d'assister à un mauvais soap. La sélection du candidat, jouée d'avance, est une formalité, les tracasseries administratives aisément écartées.

Était-ce voulu ?
Je ne sais pas mais l'apparente platitude de cette première partie, combiné à la certitude d'être le témoin privilégié de la partie, postent le spectateur en position d'attente et le juxtaposent tant et si bien au public dénoncé qu'ils parviennent à la même question : quand est-ce que ça commence ?
Ainsi sommes nous, par cette seule expectative, complices du jeu et de ce qu'il critique : la surenchère voyeuriste, l'abrutissement des masses par la société de divertissement et son approbation cynique par des élites sécessionnistes, une télé qui n'a de réalité que le scénario écrit à son profit.

Le film nous confronte à nos paradoxes de critique et de collabo taraudés par une coupable question: quelle est ma part de responsabilité dans tout cela ?
Suis-je je ce solide Gérard Lanvin, intelligent qui n'a toujours pas compris combien les dés étaient pipés ? En quoi me ressemble cet envoûtant Michel Piccoli, Dracula de l'audimat, jamais repu de nos bas instincts ?

Formellement vieilli, clairvoyant et toujours d'actualité, un très bon film.