Dans Le prix du passage, Alice Isaaz, au sein d'une interprétation d'excellent niveau, montre à quel point elle est talentueuse et mériterait de se voir confier davantage de rôles importants par les réalisateurs français. Si elle tire à ce point son épingle du jeu, c'est aussi parce que le scénario du film de Thierry Binisti est cohérent, reprenant certains motifs d'histoires, autour des réfugiés de la région de Calais, en les intégrant dans un récit linéaire et crédible qui évite au passage certains pièges comme le sentimentalisme trop appuyé. Le personnage que joue Alice Isaaz n'est pas une sainte ni une amoureuse (si ce n'est de son petit garçon) mais une femme pragmatique, avec un sens moral critiquable mais proportionnel à ses difficultés financières pour assurer le quotidien. Même souci de réalisme avec les migrants, présentés comme des hommes en souffrance, mais sans trémolos, et prêts à risquer leur peau pour toucher à leur but ultime. Bien cadencé, le film offre un regain de tension dans sa deuxième moitié, et s'avère relativement efficace dans son suspense. Dommage que le dénouement soit un peu précipité mais il a le mérite de la clarté et ne jure pas avec la tonalité globale de la narration. Pas de leçon ni de démagogie dans Le prix du passage mais une évocation sensible de parcours sous forme de galères, face à l'amer de l'existence.