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Sur fond de thriller social, Thierry Binisti signe un film beau et sensible, porté par deux acteurs (Alice Isaaz et Adam Bessa) profonds et attachants.

On aurait pu croire à un film de plus sur les trafics multiples, convoyant les migrants en Angleterre et soulevant des questionnements éthiques sur la légitimité des uns et des autres.


Le film de Thierry Binisti s’attache certes à un sujet social déjà vu au cinéma (le passage clandestin des migrants de Calais à l’Angleterre). Et pourtant celui-ci creuse un sillon plus personnel, sans tomber dans les clichés misérabilistes ou trop mélodramatiques.


L’œuvre tire notamment sa valeur de son duo d’acteurs et de leur composition asymétrique, subtile et émouvante. Alice Isaaz offre sa jeunesse solaire dans un jeu sans facéties, lumineux et extraverti. Adam Bessa, déjà inoubliable dans Harka de Lotfy Nathan, apporte sa dignité grave, son intériorité concentrée et une mélancolie toujours présente.


Jeune mère célibataire élevant seule son fils Enzo, Natacha se fait virer de son job de serveuse et rencontre par hasard Walid, un migrant irakien attendant de passer en Angleterre.


Très vite se tissent entre eux des liens qu’aucun contrat ne vient ratifier. C’est avec ces liens entre Natacha et Enzo, d’une nature tendre, secrète, pudique, affectueuse et non-assignable (ils ne seront ni amants ni vraiment pris dans un serment social), que le film prend toute sa vérité et son ampleur. Natacha et Walid vont donc, à l’arraché et de manière très précaire comme l’est leur statut, tenter d’inventer un business viable de trafics de migrants vers l’Angleterre.


Ce qui est très réussi dans le film de Thierry Britini, c’est la manière simple et fluide qu’il a de ne rien outrancier ou exacerber. Nous sommes dans le juste milieu et cette justesse du milieu est la vertu du film. Car ce n’est pas de la demi-teinte ou de la frilosité. Il s’agit d’accomplir pleinement un projet de cinéaste animé par l’humanité, la complexité et l’authenticité de ses personnages. Il s’agit que le prix du passage se transforme progressivement, contaminé par la tendresse et la noblesse d’âme des épreuves et du destin que ses personnages accomplissent. Le prix du passage est de ces films qui commencent modestement et deviennent de plus en plus prenants, par la grâce d’une écriture fine et inspirée, dotée d’une âme d’or.


Justesse du récit, des situations, crédibilité, tension et suspense révélés dans l’intériorité et la sincérité des destinées font du prix du passage une belle aurore pour ce printemps du cinéma.


Critique disponible sur le Magduciné

VioletteVillard1
8

Créée

le 4 mai 2023

Critique lue 118 fois

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