Un bureaucrate est réveillé chez lui par la police. Il apprend qu’il est inculpé, mais en ignore le motif. Il tentera de trouver de l’aide auprès de diverses personnes, pour comprendre quelles sont les charges retenues contre lui, et prouver son innocence.
Pour ceux qui en doutaient, « Le Procès » n’a évidemment rien d’un film de prétoires. Pire, le procès en question n’apparait pratiquement pas à l’écran, le film se centrant sur les déambulations du protagoniste pris dans les rouages d’une machine infernale. Déambulations qui tiennent rapidement de l’expérience filmique, à laquelle tout le monde n’adhèrera pas.
Il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Orson Welles ici, c’est la qualité de sa mise en scène. Décors grandiloquents et figurants par centaines écrasant un protagoniste acculé, pièces étouffantes, alternance entre des monuments grandioses et des barres de béton déshumanisées, personnages secondaires lunaires… Tout est exploité pour donner une impression très réussie de cauchemar éveillé, paranoïaque, et kafkaïen (normal, c’est une adaptation de Kafka !). La présence d’acteurs venant de divers pays européens (dont quelques têtes connues françaises) ajoute à la confusion et à l’étrangeté.
Pour le reste, certains risquent de fortement décrocher. Le scénario enchaîne des personnages et des situations absurdes qui ne serviront ni à l’intrigue ni au héros, à tel point que certaines scènes sont superflues… mais cela fait partie du message du film. On peut même dire que les aventures du protagoniste, incarné par un convaincant Anthony Perkins, ne servent pas vraiment à grand-chose compte tenu du final… mais là encore cela fait partie du fond.
Venons-en au fond, d’ailleurs. Critique du système judiciaire déconnecté des réalité, des dictatures implacables staliniennes, des organisations tentaculaires en général… et sans doute d’autres thèmes qui me passent au-dessus.
Certains y verront un délire stérile froid, longuet, et prétentieux, d’autres une œuvre absurde géniale et audacieuse. Toujours est-il que « Le Procès » a le mérite de faire réagir intelligemment, et de proposer une mise en scène qui a de la gueule !