Premier film réalisé par Larry Peerce, Le Procès de Julie Richards s'attaque à sujet très audacieux pour l'époque ; l'amour interracial. N'oublions pas qu'en 1964, le code Hays interdisait, entre autres choses, de montrer deux personnes de couleurs différentes s'embrasser. C'est en gros ce que raconte le film, où une femme blanche et un homme noir se rencontrent, s'aiment, et vont se marier. Seulement, cette femme, jouée par Barbara Barrie, a un une fille d'un premier mari, un homme qui s'est volatilisé pour un travail en Amérique du sud ; il va revenir pour tenter de récupérer son enfant, ce qui se va se conclure par un procès sur la garde pour le père ou la mère.
Il se dégage un drame d'une grande puissance, où on ressort laminé après la projection, et également consterné que dans un temps pas si lointain, la loi interdisait d'aimer qui on veut. En l'occurrence ici, un homme de couleur, très bien joué par Bernie Hamilton, qui n'a pas la justice de son côté, et elle aussi, femme bafouée, traitée de salope par son ex-mari, et pour qui le monde va se détruire. On sent que le film n'a pas eu beaucoup de moyens, mais il faut saluer l'audace de Larry Peerce de filmer une scène de baiser entre les deux futurs époux en pleine ville, alors que la ségrégation faisait encore rage. Il y a aussi la présence des parents de Bernie Hamilton, qui réprouvent au départ cette liaison à cause du qu'en dira-ton, surtout le père, mais devant la naissance de leur petit-fils métis, celui-ci ne va pas pouvoir qu'abdiquer, scène d'ailleurs très touchante.
Loin d'être un très beau film par son sujet sujet, Le Procès de Julie Richards est également porté par la justesse de ses acteurs, en particulier Barbara Barrie (qui aura un prix à Cannes pour son rôle), et aussi par des scènes très simples, très belles, à l'image de la rencontre entre Julie et Frank qui se fait autour d'une marelle (d'où le titre original). Mais je ne peux que recommander les gens à voir Le Procès de Julie Richards, où il faut avoir le moral bien accroché.