Le procès du siècle

Ce qui fait du Procès Goldman un film passionnant, hormis sa mise en scène que j'évoquerai dans quelques lignes, c'est que c'est une affaire qui entre en résonance avec notre époque puisqu'il ne s'agit pas d'un simple fait divers.

En effet ce sont surtout des institutions françaises dont il est question tout le long du film à travers le personnage de Pierre Goldman, sa défense et les militants de gauche au fond de la salle d'audience, et j'ai beaucoup aimé cette dimension-là du récit. On sort du cadre du film de procès et hormis les questionnements habituels sur la façon dont la vérité va se révéler ou non dans un tribunal, ça donne lieu à des scènes avec un humour un peu grinçant et un propos politique assez fort.

Le film est présenté au ratio 1:33, sans musique et avec un grain résolument vintage, ce qui donne un côté documentaire et authentique aux images. On est immergé dans cette époque jusque dans la façon de filmer qui est l'air de rien très astucieuse. Entre le travail sur la mise au point qui va permettre de réunir puis dissocier plusieurs personnages dans un même plan et les inserts bien vus sur le visages de plusieurs personnages, parfois simples figurants dans l'assemblée sont assez saisissants aussi, jamais gratuits, y compris quand il s'agit d'un jeune Jean-Jacques Goldman qui restera pourtant muet tout le long du film.

Les acteurs sont très bons et la qualité de l'écriture est saisissante. Je crains toujours des films de procès qu'on tombe un peu trop dans le théâtre filmé (puisqu'un procès c'est du théâtre en quelque sorte) mais ici c'est si bien écrit qu'on ne tombe pas dans cet écueil. Ce qui rend le film un peu moins passionnant à mes yeux qu'un Anatomie d'une chute ou un Saint-Omer pour prendre des exemples récents, c'est que c'est peut-être un peu trop clinique et tendu pour moi, mais c'est vraiment personnel.