Antofisherb in Deauville Vol 2 : La guerre est un jeu

Pas besoin de vous redire le pitch, Le Prodige est un biopic sur Bobby Fischer, véritable génie américain des échecs, et plus particulièrement sur son affrontement à long terme contre l’autre génie russe Boris Spassky durant la Guerre Froide. Finalement, la question que tout le monde se pose probablement en entendant parler du film est si oui ou non Le Prodige est-il un biopic comme un autre, ce genre de films estampillé « inspiré d’une histoire vraie » qui sera correct et pourra faire tirer une larmichette à certaines personnes un peu facile à amadouer mais au final terriblement classique, ou a-t-il un petit plus qui lui confère une originalité, ou en tout cas un réel intérêt ?

La réponse est : pourquoi pas. Le film d'Edward Zwick ne vous fera pas sauter au plafond, il n’a pas la puissance artistique et de mise en scène du récent Love and Mercy par exemple. Non, en allant voir ce film, nous vous attendez pas à un possible 8 (certains l’ont fait bien sûr, mais vous voyez ce que je veux dire). Pourtant, et je sais que cette affirmation en fera bondir plus d’un, le film est bon grâce à une chose : Tobey Maguire. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il s’agit là de son meilleur rôle (quoique niveau composition, à part dans Brothers je n’en ai pas vraiment en tête qui pourraient tenir la comparaison), mais en tout cas son talent pour interpréter l’orgueil, la paranoïa et le génie d’échecs de Fischer faire tenir debout le film à lui tout seul.

Et pourtant, globalement le film reste assez humble sur ses ambitions. Il ressemble au film à oscars dans ses caractéristiques (biopic sur un génie et ses troubles psychologiques…) mais n’en est pas vraiment un au final, ou en tout cas ne force pas trop le trait mis à part la fin classique avec le texte sur la fin de vie du personnage. En fait, le scénario et la mise en scène sont balisées du début à la fin (malgré une astuce en début de film pas bête du tout car reposant sur l’ignorance des spectateurs en matière de tournoi d’échecs), mais à l’intérieur de cela le film existe. C’est, je pense, ce qui pourrait le mieux définir mon ressenti face au film, et peut-être la meilleure illustration qu’à mon sens Le Prodige est un biopic qui fonctionne.

Il fonctionne car le personnage de Bobby Fischer est intéressant, la manière dont il pense les échecs est intéressante, et le contexte historique est passionnant. La plupart du temps, le traitement d’un sujet est plus important que le sujet même, mais il arrive parfois que le sujet d’un film parvienne à lui seul à le rendre intéressant. Cela dit, à la problématique principale de tout film sur un génie, à savoir comment mettre en scène l’invisible et l’incompréhensible pour les gens "normaux", Le Prodige ne s’en sort pas trop mal non plus. Outre les quelques passages stupides (et heureusement rares) où des fonctions mathématiques apparaissent au-dessus des pions, l’utilisation des flashbacks est de manière totalement surprenante une bonne idée, car elle permet tout simplement au spectateur de comprendre (un peu) la réflexion de Bobby.

Au final, Le Prodige n’est clairement pas le meilleur des biopics, pas même le meilleur de 2015, mais il n’est pas non plus le pire et devrait au moins vous offrir un bon divertissement.