Une grande silhouette apparaît dans la brume hivernale de Rimini. L'homme est grand, il a une cigarette à la bouche, et est enveloppé dans un manteau marron qu'il ne quittera presque jamais, une seconde peau qui cache sa douleur. Alain Delon, le visage grave et marqué, incarne magistralement Daniel Dominici, professeur de lettres au fond de l'abîme, tiraillé entre un passé obscur, une femme qu'il n'aime plus, et une autre dont il tombe amoureux et qu'il désire sauver. Elle s'appelle Vanina. Sa dissertation sur "la pureté et le sens du péché dans l’œuvre de Manzoni" attire toute l'attention du professeur. Elle aussi dissimule derrière ses grands yeux noirs un lourd passé (prostituée à quinze ans). Il reconnaît en elle la même mélancolie, la même fragilité. Alors peut-être qu'en l'aimant, en la sauvant, Daniel trouvera-t-il son propre salut ?
Mais l'amour n'est jamais heureux nous dit Valerio Zurlini. Le professeur semble toujours empêtré par son passé, incapable de se tourner vers l'avenir, ou du moins, de ne vivre que le présent. Aussi la mort hante-t-elle tout le film. Et quelle terrible prédiction que celle d'une femme qui, lors d'une soirée arrosée, lui lit les lignes de la main : cette dernière y voit du feu, un grand voyage, et puis du noir. Dès lors, on sait que l'issue du film, lequel débutait par la naissance d'un nouvel amour, sera destructrice, mortelle.