Robert Guédiguian (réalisateur chevronné de "Marie-Jo et ses deux amours" et "L'armée du crime") adapte le roman "Le dernier Miterrand" de George-Marc Benamou. Pour Miterrand, Guédiguian prend Michel Bouquet. Chapeau bas, chapeau haut, et plus de chapeau... !!! Monsieur Bouquet ("La mariée était en noir", "Borsalino", "Le serpent", "Les misérables"...) nous montre toute l'intensité de son talent et c'est pour ça que l'on ne zappe pas. Il incarne et interprète à la perfection l'ancien président de la République. L'amour, la fraternité, la mort, la vie, le combat contre sa maladie, tout est passé à la perfection pour cet immense acteur du septième art français. L'ensemble se visonne parfaitement, et c'est ça qui est formidable. Ses doutes, ses émotions, sont retranscrites efficacement, de manière redoutable. De plus, Jalil Lespert ("Ressources humaines", "Le petit lieutenant") apporte son savoir-faire pour faire le lien entre Michel Miterrand et le spectateur. La narration, avec la voie de Jalil, qui tente de nous faire découvrir l'Homme véritable (Miterrand), se fait tout en douceur et c'est comme ça que l'on rentre dans la vie intimiste de l'ancien président. Michel Bouquet est à tout notre honneur, et c'est là que l'on prend notre pied : Jalil parle tellement simplement que l'on reste subjugué devant l'Homme, et renotons-le, la prouesse technique du génialissime Michel Bouquet. Ce qui ne prend pas ? Le rythme, lent, lent, encore et toujours lent. Gargantuesquement interprété, ce drame intimiste a le sens du devoir : raconter ce qui est. Paradoxalement, c'est là que le bât blesse. Très bien interprété, on ne se perd pas dans l'histoire. Malheureusement, la forme du film est brouillonne : tantôt on accroche pour les personnages, tantôt on accroche pour l'ambiance (l'atmosphère dégagé par les acteurs), et tantôt on se laisse approcher par les caractères des personnages. Ce ballotement est incessant, et de ce fait, on décroche pour se promener en diagonale tout au long du film. Je ne mets pas en doute les récompenses obtenues en 2006 par "Le promeneur du Champ de Mars", je donne simplement mon opinion sur ce qui aurait dû être pour moi, LE film de l'année 2005. Robert Guédiguian a la lourde tâche de parler de la fin de Miterrand, je trouve qu'il rate un peu son coup. Un film à voir au moins une fois pour connaître d'un peu plus près Monsieur Miterrand (qu'on soit de droite, de gauche, centriste ou de n'importe quel autre parti...) !