Film à part dans la carrière de Robert Guédiguian, qui pour une fois ne tourne pas avec sa troupe d'acteurs fétiches.
Adaptant le livre de Georges-Marc Benamou, le réalisateur marseillais délivre un portrait de François Mitterrand en fin de vie, montrant l'attraction assez néfaste exercée par le grand homme sur un jeune écrivain un peu paumé.
Tout en montrant un Mitterrand plutôt sympathique sous les traits de l'excellent Michel Bouquet, Guédiguian s'offre un droit d'inventaire en insistant sur les deux reproches fréquemment opposés à l'ancien leader socialiste : son attitude ambigüe durant l'Occupation (et ses amitiés fidèles à des personnages tels que René Bousquet), et la "trahison" aux valeurs de gauche, à partir du tournant de la rigueur de mars 1983.
A priori, "Le promeneur du Champ de Mars" avait tout pour me séduire, et effectivement j'ai trouvé le film intéressant, bien interprété et mis en scène avec soin, évitant toute faute de goût qui aurait pu nuire à sa crédibilité et son authenticité (sur un tel sujet, avec des personnages "réels", ça ne pardonne pas).
Toutefois, je n'ai pas été aussi enthousiasmé qu'espéré, le film étant pénalisé par un tempo assez plan-plan, sans changement de rythme ni véritable montée de tension.
Bref, l'ensemble n'est pas franchement divertissant, alors même qu'une scène très réussie en début de film semblait promettre une véritable enquête journalistique (ce que le film n'est pas).
Dernier point, si Michel Bouquet excelle dans son incarnation, j'ai trouvé que le Mitterrand vu par Guédiguian apparaissait un peu trop uniforme, voire caricatural : un vieillard constamment malicieux et détaché, qui ne comprend pas tellement ce qu'on lui reproche.
Mais c'est évidemment un avis très subjectif, ne "connaissant" l'ancien Président qu'à travers ses apparitions médiatiques...