Admirable évocation d'un François Mitterrand en fin de deuxième mandat et donc en fin de vie, « Le Promeneur du champ de Mars » est assurément l'un des plus beaux films de son auteur, et comment pourrait-il en être autrement ? J'ai en effet rarement eu l'occasion de voir un portrait aussi nuancé, presque ambigu d'une figure politique célèbre, mettant aussi bien en avant les qualités remarquables d'un homme d'exception qu'un aspect parfois très désagréable, voire antipathique. Cette relation ainsi entretenue avec un journaliste évolue constamment sans que nous sachions très bien où cela va aller ni comment elle va se terminer, tant celle-ci est dense, complexe, passant d'une complicité évidente à une quasi-hostilité en quelques secondes... Mais c'est en parallèle un autre portrait que nous découvrons, celui d'Antoine, fasciné à un tel point par le Président qu'il se demande lui-même parfois pourquoi. Ces deux personnages, Jalil Lespert et surtout Michel Bouquet (dont je ne suis pourtant pas un inconditionnel habituellement) les jouent de manière remarquable, avec toute l'intensité qu'il fallait afin de les rendre aussi passionnants qu'ils ne le sont. Je pourrais encore en parler des heures, que ce soit à travers cette envolée quasiment lyrique, fantastique lorsqu'Antoine rencontre sa future femme, mais cela serait trop long... Je ne peux donc que vous encourager très fortement à découvrir ces deux magnifiques portraits, sans doute l'une des meilleures manières de découvrir sans tricheries l'un des plus grands hommes de la Vème République... Superbe.