Retiré depuis cinq ans en-dehors de la société de consommation et vivant dans une montagne à l'abri des regards, un homme va être découvert par des journalistes, et la découverte de sa vie recluse va provoquer un émoi dans le pays.
Inédit en France, Il profeta est une critique acerbe de la société italienne dans tout ce qu'elle a à offrir, de la société de consommation, du travail abrutissant dans les bureaux, de l'absence d'intimité, bref une folle vie à laquelle le personnage interprété par Vittorio Gassman décide de se soustraire.
Le film est assez rigolo, montrant le retour au pays de ce berger improbable, qui promène sa chèvre comme un chien, qui va se faire reprocher de ne pas avoir payé ses impôts depuis son absence, jusqu'à un passage improbable chez les hippies, et notamment une jeune femme interprétée par Ann-Margret, qui voudrait bien passer à l'acte, mais lui s'est juré de ne plus perdre sa vertu...
Ça part dans tous les sens, il y a des scènes qui sont quasiment du burlesque grâce au pince-sans-rire Vittorio Gassman, que je trouve génial, mais je suis étonné que le film fut un gros succès lors de sa sortie, car il est carrément doux-amer sur le sort des Italiens, à l'image de sa fin, que je trouve même cruel en comparaison de ce qu'on a vu de la vie de ce prophète.
C'est aussi un film fort bien réalisé, qui montre une Italie en train de se construire avec des tas de bâtiments qui sortent des terres, une superbe photo signée Alessandro D'Eva où la couleur pète à l'écran, surtout lors des scènes chez les hippies.
Il profeta est plus cruel qu'il n'y parait, et comme souvent chez Dino Risi, tend un miroir acerbe du peuple italien.