Un jeune homme issu d'une famille bourgeoise décide de prendre son indépendance en voulant acheter un immeuble à Brooklyn dans le but de le transformer. Mais sa rencontre avec les locataire, tous afro-américains, va le transformer, et il va se rebeller contre l'éducation inculquée par ses parents en se rapprochant de ce gens de condition modeste.
A la fin des années 1960, Hal Ashby était un monteur renommé, travaillant plus particulièrement avec Norman Jewison, qui était reconnu pour son travail efficace, récompensé d'un Oscar pour Dans la chaleur de la nuit. Mais il avait surtout envie de devenir réalisateur et grâce à Jewison, qui lui offrit en quelque sorte ses services en tant que producteur, il passe pour la première fois derrière la caméra pour Le propriétaire. On retrouve déjà ce qui fait son sel, à savoir que c'est une comédie noire (sans jeu de mot) sur l'émancipation de ce jeune homme, joué par Beau Bridges, qui va en quelque sorte changer et prendre enfin son envol en tant que personne. Non seulement c'est très bien réalisé, avec plusieurs scènes tournées en travelling latéral, mais il y a surtout un amour envers cette communauté, montrée au départ comme agressive envers ce propriétaire blanc, mais qui va finir par l'accepter. Surtout quand il va avoir une relation avec deux femmes de couleur qui vont faire mauvais ménage.
Hal Ashby est un réalisateur qui me passionne, avec peut-être la plus belle filmographie des 70's pour un américain, et qui semble mettre le doigt sur le pouls de l'Amérique à ce moment-là, avec un sujet très audacieux pour l'époque, notamment dans la représentation de relations interraciales, ce qui fut là aussi osé.
Outre Beau Bridges, je retiens aussi la présence de Lee Grant, qui incarne sa mère, montrée au départ comme quelqu'un de rigide avec du sarcasme à tout va, dont ses employés de maison sont de couleur, et qui va elle aussi évoluer en leur rencontre.
Même si Le propriétaire ne sera pas un succès, le sujet étant peut-être alors d'avant-garde, il attirera l'attention de nombre de critiques, et à partir de là, la (courte) carrière de Hal Ashby réalisateur sera lancée, avec bien des chefs d'oeuvre à son actif.