Voilà un fait divers qui m'a toujours passionné, depuis que j'ai lu étant enfant le livre de Gilles Perrault, formidable plaidoirie posthume en faveur de l'accusé Christian Ranucci, guillotiné à tort selon la thèse du journaliste.
Depuis, après m'être beaucoup renseigné sur l'affaire Ranucci, auprès de sources discordantes, j'ai gardé la conviction que l'une des dernières victimes de la peine de mort était bel et bien coupable du rapt puis du meurtre de la petite Marie-Dolorès.
Et ce que j'ai apprécié dans l'adaptation cinéma de Michel Drach, c'est cette liberté laissé au spectateur de se faire son opinion, en dépit de la conviction personnelle du réalisateur, qui croyait lui à l'innocence de Ranucci. Drach montre les imperfections de l'enquête, les contradictions de certains protagonistes, les faiblesses de l'accusation, mais n'embrigade pas le public dans une direction choisie. Ainsi, il ne masque pas les mensonges et les incohérences de l'accusé, ni ses comportements troubles.
On assiste à une reconstitution honnête et avant tout factuelle, un film d'une tristesse infinie, puisqu'on ne compte que des victimes dans cette tragédie, en témoigne l'incroyable malentendu de la pseudo-grâce présidentielle.
Techniquement, "Le pull-over rouge" mise également sur la sobriété. Le jeu des acteurs, peu connus, a tendance à être inégal, à l'image de Serge Avedikian, assez faux au départ dans le rôle de Ranucci, mais de plus en plus crédible et touchant au fur et à mesure.
D'autre part, la présence de Georges Beller paraît un peu inopportune dans le rôle d'un journaliste vedette.
Mais l'essentiel est ailleurs évidemment, pour ce film engagé et dans l'air du temps, sorti deux ans avant l'abolition de la peine de mort en France.