Le Quatrième Homme par Nicolas Montagne

Avant les blockbusters hollywoodien et la débâcle, Paul Verhoeven était un réalisateur hollandais pas vraiment apprécié qui réalisait déjà des films extrêmement violents. Ici, avec Le quatrième Homme, il démontre qu'il sait tout de même faire des films intelligents et savamment construits. Sorte de conte de fées fantastique et morbide, Le quatrième Homme exploit la fascination de Verhoeven pour l'homosexualité avec cette histoire d'écrivain maudit qui tombe dans les griffes d'une mante religieuse qui passe son temps à lui couper les testicules.

Pourtant amoureux de Herman, Gerard poursuit donc une relation chaotique avec Christine, et le scénario se révèle fascination de contradictions de bout en bout. Les visions de Gerard contribuent à cultiver une ambiance malsaine, mais également à entretenir le doute du spectateur sur la véracité de ces visions ou pas, ce qui en fait un vrai film fantastique si l'on reprend la définition de Todorov. Ces visions, comme le reste d'ailleurs, sont mises en scène à la perfection avec un souci du détail incroyable. On retrouvera en outre tout un tas de significations psychanalystiques pas forcément prévues par l'auteur, mais qui donnent véritablement au film un ton intellectuel.

Ainsi, sans être forcément un chef d'oeuvre, Le quatrième Homme est un film très important dans la carrière du hollandais violent (comme on aime à l'appeler), qui influencera le reste de sa carrière, et notamment Spetters (et même Showgirls). En tout cas, il s'agit certainement du film le plus important de sa carrière européenne. Attention néanmoins, comme tout Verhoeven, il s'agit d'un film assez violent qui ne plaira pas à tout le monde, où le complexe de castration est un sujet presque central (particulièrement bien illustré dans une scène culte!) qui fera mal à ceux qui ont le plus de testostérone!