"Le quatrième homme" est un film noir. Il en reprend tous les codes, tous les aspects, tous les gimmicks. Dans cette histoire de fourgon braqué par des hommes s'étant à peine fait la bise, avant de patienter suspicieusement au Mexique, nous sommes devant un cas typique de film cherchant à instaurer de la tension masculine à en faire fléchir la braguette. Le problème que j'ai, personnellement, avec ce film est qu'il est totalement synthétique de son genre. Si vous voulez expliquer à quelqu'un ce qu'est un film noir , montrez-lui ce film (d'autant plus que l'amalgame compréhensible entre le film noir et néo-noir est très répandu). Il saura immédiatement en reconnaître un après. Ce qui veut dire en substance que son sujet n'est pas transcendé, mais exposé; ce qui veut dire que son intrigue n'est pas racontée mais décryptée. Le résultat sur moi a été de me détacher de l'histoire. Les personnages se ressemblent tous, car au niveau archétypes ce sont tous des anti-héros voyous désabusés par leurs conditions criminelles (mais même physiquement, je trouve que certains personnages se ressemblent trop - à part Jack Elam, lui pour pas le reconnaître faut le faire). La mise en scène, même si j'ai lu ici ou là qu'elle était bonne, est beaucoup trop classique pour moi : aucun plan marquant, aucune séquence audacieuse esthétiquement ou sonorement, aucun sursaut de surprise pour résumer. Et c'est ça le gros reproche global que j'ai pour ce film, qui devient fade à mes yeux : je ne suis jamais remué. Je suis tranquille, sur mon canapé. Si j'ai envie d'envoyer un message, je peux, le film continue sa vie sans que je ne rate grand chose. Il est tant synthétique que je sais ce qui va se passer de toutes façons, comme pour la fin d'une comédie romantique. Paie ton comparatif de genres putain.
Cependant, le film bénéficie de certains atouts majeurs, à commencer par son casting. Avec ce qu'ils ont, les comédiens et la comédienne s'en tirent avec beaucoup de charisme inattendu. Jack Elam et Lee ohfuckinggod Van Cleef percent l'écran à la cisaille comme d'habitude, tandis que John Paye (aucun lien avec Max) en élément identifiant arrive pleinement à jouer son rôle de fil rouge pour le spectateur. De plus, il faut savoir que le film est divisé en plusieurs parties, la plus franche se faisant à partir de la 40ème minute du film, lorsque tout ce beau monde va se réfugier au pays des tacos et de Speedee Gonzales : le long-métrage prend alors un ton de calme avant la tempête, de croisière pouvant naufrager à chaque instant. Une tranquillité apparente, et tout le monde le sait. Là, une tension se fait. Elle est trop discrète, mais elle est là, et ça ravive l'intérêt tel un marteau-piqueur. Enfin, les costumes ne passent pas inaperçus ; que ce soit les costards hyper classes ou le masque de l'ex flic (terriblement simple et terriblement efficace), ça instaure la crédibilité de l'ensemble instantanément.
Malheureusement, ça ne m'a pas suffit. Je déteste regarder tranquillement un film. D'autant plus que c'est un film noir, c'est passionnant en général. C'est certainement la seule case du genre que ces 4 truands n'ont pas cochés...