Oui, c'est un film qui est tiré du magnifique et poignant livre du même nom de Sorj Chalandon qui fut reporter de guerre, notamment en Palestine. Entre le 16 et le 18 septembre 1982, il sera parmi les premiers journalistes à rentrer dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila et à y découvrir l'horreur, la vraie, celle qui marque à tout jamais. Personne mieux que lui ne connait les troubles en place. Le conflit est complexe entre druzes, chiites, sunnites, chrétiens et palestiniens, violences attisées par les Israéliens qui déjà se voient dans la place et laissent tous ces braves gens se massacrer pour faire place nette. Ce sont eux qui lanceront les fusées éclairantes permettant aux phalanges chrétiennes alliées des Israéliens, de tuer, torturer, violer, égorger, éventrer le plus de palestiniens possible qu'ils soient vieillards, femmes ou enfants. Plus d'un millier de civils. Chrétiens dont la doctrine prône la paix, allez comprendre.
Le livre est un chef d'œuvre, que le film a du mal à retranscrire. L'histoire est belle, celle de Samuel juif grec qui souhaite mettre en place une pièce de théâtre, Antigone de Jean Anouilh, dans un théâtre palestinien pris entre 2 guerres. En employant des comédiens de toutes les factions pour les unir dans un moment de paix, comme la treve grecque des jeux olympiques. Comme cela a été fait par le théâtre du soleil en Ukraine. Un moment ou chacun oublie la guerre et son fardeau, que l'on porte parfois sans savoir pourquoi, que l'on ne comprend pas, ou l'on ne s'identifie pas mais que l'on subit car on vit là.
Son ami George prendra son relais sans vraiment comprendre les tournures du conflit et ses conséquences. Et c'est là ou le film pêche. On ne comprend pas tout ces gens, ni pourquoi on se tire dessus. Rien n'est expliqué de ce conflit. La romance de George et de l'actrice palestinienne qui joue Antigone n'est avancée que pour le pathos. Le jeu des acteurs est plutot convaincant, sauf peut etre celui de Laurent Laffite qui parfois a l'air perdu, ne sachant comment adapter son rôle, notamment quand il entre dans Chatila (comme ça, décontracté, tranquille, hein ? Alors que la zone est fermée par les Israéliens) et decouvre un massacre stérilisé par rapport à la réalité, de personnes mortes mais surtout dans les escaliers. Sa cherie s'est faite violée mais on ne perçoit pas les traces de violence, tout cela semble posé plus que réel. Meme constat lors de la scene finale que l'on ne comprend pas réellement et qui rejoint les premières minutes du film
Vous me direz alors, pourquoi 7 etoiles ? On retrouve bien l'epilogue d'Antigone: tout ceux qui avaient à mourir sont morts; ceux qui croyaient une chose et ceux qui croyaient le contraire -même ceux qui ne croyaient en rien et qui se sont trouvés rapidement pris par l’Histoire.
Également Parceque l'histoire se répète et que les instances internationales laissent faire, comme en 1982. Parceque la guerre ne doit plus être un jouet aux mains des riches, comme ce que laisse entrevoir la politique US actuelle. Parceque les génocidés d'hier (les juifs) ne doivent pas etre les génocidaires d'aujourd'hui. Parcequ'apres toutes ces années, les palestiniens ont le droit de vivre eux aussi en paix, ils ont deja la misère comme quotidien et n'ont pas besoin de tueries en plus. Pour ne pas oublier, tout simplement, car qui se rappelle aujourd'hui Sabra et Chatila ?
Pour aller plus loin, reprendre le magnifique film Valse avec Bachir, qui lui vaut 10 etoiles.