"The Raid" est un western que j'admire tout particulièrement. Il n'est pas parfait, je le reconnais, mais étrangement, je ne suis point parvenu, contrairement à certains chroniqueurs avant moi, de lui trouver des défauts. Les autres se chargeront de les trouver à ma place; moi, je me chargerai d'énumérer ses qualités les plus plaisantes, et vous donner mon ressenti sur le film dans sa globalité.
Pour commencer, j'ai trouvé le travail d'Hugh Fregonese, réalisateur du long-métrage, particulièrement soigné; ce qu'il fait est finalement très efficace, et entièrement satisfaisant. Pour un western, c'est exactement ce qu'il fallait. L'artiste parvient à parfaitement mélanger sa mise en scène à la musique de la chose, véritablement puissante, et purement dramatique.
Elle fournit à l'oeuvre une force particulière, une aura intense doublée d'un aspect esthétique grandiose. Le tout est donc particulièrement plaisant, pour ne point dire littéralement saisissant. C'est fort, robuste et solide; en somme, tout ce qu'il faut à un western de l'époque, à mon goût les meilleurs de la création. Mais nous y reviendrons au travers d'autres billets.
Vient donc s'y ajouter l'écriture du tout, d'extrême qualité. Si l'on m'avait dit que le résultat final serait d'une telle qualité, je ne l'aurai sûrement pas crû. Mais que voulez-vous, m'étant lancé tête la première dans ce "Raid", j'en suis sorti complètement estomaqué. Et j'aime à penser que la rédaction du tout y tient une place importante, en bref qu'elle y est tout de même pour quelque chose.
Le scénario, malicieux, vaut bien moins que la manière originale de traiter le sujet du film : se concentrer sur les sudistes plutôt que sur les nordistes, en bref sur les méchants de l'histoire plutôt que sur les gentils, cela retire tout manichéisme à l'idée que l'on a de cette guerre. La balance est donc rééquilibrée, et c'est un véritable bain de fraicheur que d'enfin pouvoir avoir la version des sudistes.
Du point de vue de l'oeuvre, la guerre est mauvaise, tout autant mauvaise que les deux camps qui la mènent, qu'ils soient du nord comme du sud. Il n'y a donc pas de gentils dans l'histoire, et c'est justement cela qui assène le gros point fort du film : son absence complète de manichéisme. En bref, c'est exactement ce qu'il lui fallait pour réussir.
Vient, par la suite, le cas des acteurs. Pour le coup, c'est un sans faute. D'un côté, l'on a un Lee Marvin comme à son habitude détestable; le mec en tient une couche, une sérieuse, tellement que l'on ne pourrait faire semblant de le détester; l'on y est presque obligé. Richard Boone est l'exact inverse de Marvin : terriblement attachant, il pourrait passer comme le héros de l'histoire, si Van Heflin ne figurait pas au générique du film.
Ce dernier est sûrement le meilleur acteur du métrage. Fort d'un charisme particulier, et d'une classe qui lui est toute propre, il tient son rôle avec force et fermeté. Sudiste viril, guerrier farouche, Heflin s'empare du film dès sa première apparition. Bien meilleur que dans "Madame Bovary", il prend le pas sur les autres interprètes de l'oeuvre, et fait du long-métrage sa chose, son oeuvre.
"Le Raid" est donc un véritable coup de coeur, une oeuvre qui marque de part son efficacité et sa qualité, tant esthétique qu'écrite. La fin, d'une rare beauté, émeut comme aucune autre pareille, démontrant que le film est, au final, bien moins commun que l'on peut le penser, alors qu'on le lance pour la première fois. Van Heflin fait preuve d'un grand talent, face à un casting également très convaincant. Un grand western.
http://avion.blogs.allocine.fr/2016/04/le-raid-1954-van-heflin-au-sommet-de-son-art.html