Rendons à Jean-Luc ce qui est à Jean-Luc: un homme mesquin, méchant et narcissique, un metteur en scène surcoté à l'oeuvre ennuyeuse. Remercions par la même occasion Michel Hazanavicius de nous ouvrir les yeux sur cet ignoble personnage. Le Redoutable, critique acerbe ou hommage déguisé? Telle est la question...
Choisissons la première option: un connard prétentieux. Ce choix validé, on ne peut que remercier Hazanavicius d'offrir aux spectateurs un regard acerbe sur Godard. Godard est mort à la fin des années 60, auto-suicidé, rejetant ses premiers films qui avaient pourtant suscité l'engouement du public. Il ne reste plus qu'un Godard confus, révolutionnaire à la mode bourgeoise qui chante les louange du maoïsme (60 millions de morts...) se coupant de ses amis et de ses confrères.
Si on s'aventure sur le terrain de l'hommage, on est sur une pente glissante. Un génie certes drôle en questionnement permanent? Un visionnaire devenu aveugle? Difficile de s'y retrouver, un choix assumé par Hazanavicius qui prends un malin plaisir à faire tourner le spectateur en bourrique.
Qu'est ce que Godard au fond? Un mythe. Une légende crée de toute pièce par une bande d'intellos bobos car tel un peintre barbouillant un tableau de traits noirs, JLG s'est amusé à faire tout et n'importe quoi avec sa caméra pour berner l'auditoire d'un soi-disant cinéma inédit, une nouvelle vague. Est-il seulement possible aujourd'hui de critiquer ce mouvement? Peut-on imaginer un étudiant en cinéma se présenter devant un jury et pourfendre Pierrot le fou? Gare au retour de bâton!
Un film curieux, prétentieux à ses moments et long sur la fin. Un film dans le film qui fracasse le quatrième mur à coup de masse. C'est parfois réussi, parfois non. L'humour fonctionne, les deux tourtereaux nous abondent de répliques savoureuses (Louis Garrel est formidable) et l'ambiance kitch si chère à Hazanavicius est une explosion de couleurs pastels filmées avec savoir faire. Pour le reste, on se fera sa propre idée. La mienne est dans le titre.