9 ans après son premier long-métrage, le déjà très sympathique «Les Combattants», l'auteur-réalisateur Thomas Cailley fait son retour dans les salles obscures. Et quel retour !
Nous dépeignant un monde dans lequel une partie des êtres humains se transforme petit-à-petit en animaux de tous genres, Cailley nous offre là une œuvre atypique et fascinante.
En centrant son récit sur la relation d'un père et de son fils, dont la femme/mère a muté à son tour, c'est du rapport à la différence que nous parle le film, que nous l'acceptions ou que celle-ci provoque chez nous la peur, le rejet, voire plus.
Une œuvre qui pourrait rappeler, de par son aspect fantastique, la manière dont elle traite les métamorphoses à l'écran et/ou la façon dont elle sont perçues par les autres, des références comme «X-Men», «La Mouche» ou encore les films de loup-garou.
Mais le long-métrage français a su s'éloigner intelligemment de ces inspirations-là, en posant son intrigue dans les décors des Landes, mélange de forêt et d'habitations, brouillant la frontière entre nature et ville, entre créatures et humains.
Et en nous contant d'un côté la trajectoire d'Émile, le fils, qui va suivre les pas de sa mère, et dont le regard va changer sur ces êtres (pas si) différents. Et de l'autre, François, le père, qui ne sait pas s'il a peur de perdre ou de retrouver sa femme, et va tout faire pour que cette question ne se pose pas avec son fils, qui suit la même direction.
Un duo principal touchant et, surprenamment, drôle (ce que la bande-annonce du film ne laissait pas du tout transparaître), impeccablement interprété par les talentueux Romain Duris et Paul Kircher, tout en spontanéité.
Des personnages forts et crédibles qui font la force du film, là où le récent «Acide» avait plus de mal à créer des personnages auxquels on pouvait s'attacher.
Un nouveau film de genre ambitieux (possédant un budget plutôt confortable de 15 millions d'euros), intelligent et très soigné, à l'image de ses effets, pratiques comme numériques, d'une très grande qualité, et participant totalement à l'aspect immersif de l'ensemble.
Quelque part entre l'intime et le spectaculaire, un film généreux et poétique (illustrée notamment par cette longue séquence finale dans la forêt, aux accents presque Malickiens) et une fable moderne sur les liens familiaux et le rapport à l'autre, et qui sonne, à l'image de l'affiche de son 1er long, comme un cri à la liberté, et sous toutes ses formes.
Une nouvelle preuve que le film de genre est possible en France, et peut être réussi sur le fond comme sur la forme.
L'un de mes coups de cœur de l'année, et une grande œuvre que je vous invite plus que vivement à découvrir en salles. Parce qu'elle le mérite.