À supposer que ce film, de genre fantastique, délivre un message, c'est celui que j'ai retiré de lui, mais ça n'engage que moi.
Le deuxième long métrage de Thomas Cailey est assez déroutant (en tout cas, je l'ai trouvé tel).
Déroutant, mais intéressant et assez stressant, au moins pour les natures émotives.
Hormis l'introduction qui expose le problème ou principal argument du scénario (frappés par un virus, certains humains se transforment progressivement en animaux) et qui se déroule probablement à Paris, tout le reste du film se passe dans les Landes, au bord d'une forêt verdoyante et très photogénique qui m'a un peu fait penser aux tableaux et jungles du Douanier Rousseau. Elle met principalement en scène un père et son fils de seize ans (Romain Duris et Paul Kircher) et détaille les péripéties de leurs rapports, bien qu'ils soient initialement venus dans les Landes pour y accompagner la femme et mère du duo qui, atteinte par le virus et en cours de mutation animale, y est transportée pour y être, en théorie, mieux soignée dans un centre hospitalier spécialisé. Les choses ne se passeront pas comme prévu, et cela fait l'objet du film. Suite à un violent orage occasionnant un accident routier, la forêt landaise verdoyante citée plus haut va se peupler de toutes sortes de "bestioles" (c'est comme ça qu'on nomme les "mutants" dans l'histoire). Et Emile (Paul Kircher) va notamment se lier d'amitié avec un jeune-homme-à-moitié-aigle (superbement interprété par Tom Mercier), et c'est de mon point de vue un des aspects les plus réussis du film. Il nouera également une amitié amoureuse avec une fille (Nina, jouée par Billie Blain) de la classe landaise qu'il vient d'intégrer. Etc.
Sans vouloir trop en dire sur l'intrigue, j'ajoute quand même que les humains, se sentant la plupart du temps menacés par les "bestioles" mutantes, les tiennent à distance et manifestent souvent des comportements agressifs à leur endroit, quand celles-ci sortent de la forêt landaise luxuriante qui est un peu leur refuge, le seul endroit où on les tolère (et encore...).
Les masques, maquillages et trucages (artisanaux ou numériques) des différentes "bestioles" sont assez réussis et déstabilisants. La photographie est parfois très poétique. La bande-son n'est pas exceptionnelle mais néanmoins très bonne.
Le film présente plusieurs grilles de lecture ou niveaux d'interprétation (dimension animale des êtres humains, métaphore du passage de l'enfant à l'âge adulte, rejet ou acceptation des différences, etc.), mais personnellement j'y ai vu surtout un film de genre fantastique assez impressionnant, déroutant et émotionnant. Paul Kircher, qui personnifie Emile, le fils, un rôle très lourd, le joue avec beaucoup de finesse. Et Romain Duris est à son meilleur dans le rôle du père complice et protecteur du fils.
L'opus a-t-il un sens caché qui m'a échappé ? Je ne crois pas, même si ne pas vouloir trop révéler de l'intrigue peut donner à ma critique une allure un peu foutraque. Le film m'a ému et touché de plus d'une façon, surtout dans son final, ses cinq dernières minutes.
Joli film donc. Assez étrange (« d'ailleurs »), souvent poétique. Et néanmoins sensuel et vivant.