De Sica aura fait de tout. Même une comédie pleine d'énergie comique et policière dont la production fut un joyeux cauchemar bilingue anglo-italien auquel elle devra en partie sa nonchalance formelle. Paradoxalement, elle dilapide son gros budget dans l'idée de parodier les excès du star system (avec ses groupies, ses acteurs capricieux et ses réalisateurs pompeux). De faire un film dans le film n'entérinera la contradiction en rien : le régisseur délirant joué par Peter Sellers, ainsi que celui que De Sica interprète brièvement lui-même, l'enfoncent à chaque scène dans un bric-à-brac parodique qui n'atteindra pas le stade de l'autodérision.
Film incapable de surpasser sa propre ironie, il a pourtant une âme. Et même plusieurs : c'est à la fois son atout et ce qui le condamne. Rappelant les expérimentations de Richard Rush (surtout The Stuntman, qui partage ses instants de folie incontrôlée captant ce qui se trouve au cœur de la créativité avec une forme de génie erratique), Caccia alla volpe est un film qui n'est pas réfléchi, mais… aurait-il pu faire autrement ? Aurait-il eu sinon ses quelques instants mémorables ? Mais cela en valait-il la peine, aussi ?
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