Avec Le Retour, Andreï Zviaguintsev frappe fort dans le cinéma pour son premier film et se place comme prétendant pour succéder à Andreï Tarkovski. Un style contemplatif appuyé, une photographie finement recherchée, les ingrédients font de ce film un chef d'œuvre méconnu qui pourtant à de quoi frapper.
Vivant seuls avec leur mère de puis tous petits, les deux jeunes frères rencontrent leur père, sans savoir d'où il vient ni ce qu'il veut. Leur père ne parle pas, se montre autoritaire, mais les emmène avec lui pour un week-end de vacances. Les deux frères vont tenter de comprendre qui est cet homme froid et dur qui les traite avec sévérité comme s'il les connaissait depuis toujours. Le plus jeune se rebelle, s'oppose à cette autorité excessive et déraisonnée, alors que son frère se plie aux ordres du père. Ainsi, durant tout le film, une atmosphère pesante et intense relie les trois personnages dont les relations sont appuyées par des paysages calmes et silencieux pour le thème de la réflexion et une prédominance de bleu pour le thème du froid et de la distance qui sépare les frères de leur père.
Cette tension qui pèse sur le spectateur culmine jusqu'à la fin. Depuis le début, un malaise et un bouillonnement progressait dans le plus jeune qui joue implicitement le rôle principal du film dont le spectateur a le point de vue. Le film se termine par une véritable claque d'un bras qui s'armait de plus en plus loin jusqu'à frapper les deux frères et le spectateur d'un coup fatal, dans le silence bien-sûr, tant l'émotion qui en découle n'est pas descriptible par une musique ou des mots.
On ne peut que recevoir un choc, tant par l'histoire que par l'esthétique, lorsqu'on sort de ce film. Andreï Zviaguintsev est un maître de la photographie, de la contemplation et des relations, et rappelle les grands Stalker, Le Miroir ou Andreï Roublev.