J'adore le Kaiju Eiga, tout en reconnaissant que je dois être un peu masochiste. Car, en effet, pour quelques métrages de haute-volée - le Godzilla d'origine, Mothra, Ataragon, Ghidra le Monstre à 3 Têtes, Frankenstein conquers the World, Gamera : L'Attaque de Legion, ou encore le délicieusement régressif Les Envahisseurs attaquent - nous avons droit à des flopées d'oeuvres médiocres, voire carrément surréalistes, en particulier parmi les Godzilla ; Godzilla VS Megalon, Le Fils de Godzilla, Godzilla's Revenge, des horreurs absolues ! Oui, notre lézard géant préféré a connu bien des galères, consécutives en particulier à sa transformation progressive en figure héroïque pour le jeune public. Un comble, pour celui qui avait commencé sa carrière comme une incontrôlable puissance de destruction.
En 1975, le grand Ishirô Honda - créateur du personnage et réalisateur du premier opus - met un terme à la vague de productions Godzilla avec son Mechagodzilla contre-attaque, reprenant au passage les rênes de la saga des mains du médiocre Jun Fukuda.
Neuf ans plus tard, la Toho décide de ressortir son Kaiju emblématique. Pour l'occasion, le studio choisit de produire une suite directe au tout premier opus de 1954, se déroulant bel et bien 30 ans après l'attaque de Tokyo, et faisant fi de tout ce qui a pu se passer depuis, y compris l'infantilisation du personnage et l'apparition de son côté héroïque. Ce qui, entre nous, ne peut pas lui faire de mal.
De nouveau, Godzilla est une force de la nature indestructible, effrayante, et bien évidemment radioactive.
Le résultat est sans aucun doute un des meilleurs métrages de la franchise ! En revenant aux fondamentaux et en le replaçant dans le contexte géo-politique de l'époque, les Japonais accouchent d'un scénario pertinent et bien écrit, même si nous regretterons l'inutile histoire d'amour, ne servant qu'à promouvoir la jeune Yasuko Sawaguchi, nouvelle égérie de la Toho. Le budget est au rendez-vous, et nous sentons que le temps a passé depuis les derniers Godzilla de Honda et Fukuda : les effets spéciaux sont réussis, les scènes de destruction impressionnantes, l'ambiance a fort bien vieilli (hormis la choucroute de l'actrice principale).
Certainement un Godzilla à découvrir, après avoir regardé celui d'origine.
A noter que pour la version américaine, Roger Corman a fait tourner des scènes additionnelles, de nouveau avec Raymond Burr. Une initiative étrange, mais en même temps fidèle au film de 1954.