BON SANG OUI ! Sobrement nommé Gojira, ce film est un reboot de la franchise 30 ans après le premier film. Et justement ! Ici, le retour de Godzilla est le retour du kaiju après 30 ans d'absence dans le film, effaçant les anciens films (nanardesques au possible) et ne prenant en compte que le premier. Il essaie de tenir la comparaison avec son prédécesseur... et c'est une réussite.
Godzilla est de nouveau le monstre effrayant les foules et les gouvernements. Il retrouve alors son prestige, sa grandeur et récupère des scènes mettant en valeur ses capacités destructrices.
Profondément politique, comme à ses origines, le message diffère mais est foutrement efficace. Le film se déroulant durant la Guerre Froide, il fait alors intervenir très tôt la question du danger nucléaire mondial mettant alors directement en parallèle les tensions USA/URSS et Godzilla puisque c'est ce dernier qui va déclencher un trouble politique de grande portée. Le thème est ainsi exploité de bout en bout avec force quand, dans une scène intelligemment symétrique, les États-Unis et la Russie essaient de convaincre le Premier ministre japonais d'utiliser l'arme nucléaire contre Godzilla.
Ce thème est aussi accompagné de 2 messages différents.
Le premier est celui de la presse. La presse libre permet ici de sauver le monde d'un conflit nucléaire alors que les rédactions rangés du côté du gouvernement n'ont rien fait. Un premier message puissant mais rapidement évacué pour le second message.
Ce dernier est celui du patriotisme japonais. Ici le gouvernement japonais est extrêmement proche du peuple et est mis en valeur à de nombreuses occasions, pour finir sur un plan que ne renierai pas Michael Bay (le Premier ministre japonais se retourne fière mais triste à cause des pertes quand, derrière lui sur un écran géant, Godzilla tombe dans un volcan entouré d'explosifs).
Les relations entre humains sont bien plus crédibles que dans les précédents Godzilla et font avancer l'intrigue d'un pas assuré. Je me suis même retrouvé à bien aimer le couple qui se forme et le sdf un peu voleur mais aussi le Premier ministre, interprété avec une superbe réserve japonaise derrière laquelle se cache des convictions.
Tant d'éloges et pourtant... ce Godzilla est bien laid. Son costume est redevenu trop rigide mais il gagne en frayeur. Les décors sont un peu fades et simples : résolument kitch, les immeubles en carton pâte se brisent simplement sous les coups du monstre mais permettent à Godzilla d'avoir des scènes en ville pour montrer son pouvoir destructeur. Ce manque de budget est cependant bien détourné par quelques astuces de réalisation et quelques incrustations valant le détour. Mais cet éloge doit tout de même rester limité car la réalisation des combats reste très pauvre et les pieds de Godzilla vue de la taille humaine sont très laids.
Le film souffre aussi de quelques longueurs que l'on peut associer à une forme de copie du premier car il insiste beaucoup sur l'invasion de la ville comme feu son prédécesseur.
Du respect de l'oeuvre initial, un message anti-nucléaire adapté à son époque, du spectacle pour afficionados. Comment dire non à ce géniallissime Godzilla qui le fait entrer dans une nouvelle ère ?
Cette critique fait partie de mon marathon Dimanchezilla retrouvable par ici : http://www.senscritique.com/liste/Dimanchezilla/1172441