Harry flingueur et les traces de sang séché
On vient de basculer dans les années 80 et c'est cette fois Clint himself qui s'y colle.
Seulement, avec ces années terribles, les choses ont changé. Pour preuve, le retour de Lalo Schifrin sonne on ne peut plus creux et clinquant. Ce qu'il faisait avec grâce et magie dix ans plus tôt donne à présent une bouillasse sonore frappée d'une production putride typique du moment.
Les voitures hyper-modernes à l'écran sont nos épaves d'aujourd'hui et les mentalités évoluent.
Si Clint passe donc derrière la caméra pour la première fois dans la franchise dirty Harry (mais non pour la première fois de sa carrière, loin s'en faut), c'est pour réaliser un épisode nerveux tendu et âpre.
Pourtant, et paradoxalement, ce qui alourdit l'épisode sont les scories du passé.
Le cahier des charges semble plomber d'un lourd héritage la tenue d'un polar qui, par ailleurs, ne manque pas de qualités. Oui, Harry est réac, oui, la justice ne fait pas son boulot, oui, tout est fait pour laisser les méchants dans la rue. Ces assénassions, répétées à longueur d'épisode, sont d'autant plus inutiles cette fois qu'on connait la chanson (après tout, c'est quand même le 4eme opus de la série) et que cela finalement, n'apporte plus grand chose au récit. Même si l'éternel chef bas du front de Harry assène que ce dernier est "un point éternellement fixe dans un monde qui bouge", le trait est sans doute un peu lourdement souligné.
Dans le même esprit, la sempiternelle scène ou Harry arrive sur les lieux d'un évènement qui nécessite sa présence est elle aussi redondante, confinant au bégaiement.
Pour le reste, c'est peut-être l'épisode ou la trame est la plus sèche, la "méchante" (parce que cette fois c'est une femme) la plus scénaristiquement "épaisse", dont les motifs sont les plus compréhensibles. La description d'une petite communauté d'une cité côtière est elle aussi très réussie, et l'ensemble nous fait encore plus regretter les figures de style obligatoires évoquées plus haut.
Sans cela, nous étions en présence d'un sacré polar.
Make my day, punk !