En 82,Wes Craven réalisait "La créature du marais",adaptation d'une BD DC Comics.Jim Wynorski en a fait une suite tardive en 89.Une jeune fleuriste dont la mère est décédée arrive chez le mari de celle-ci afin d'essayer de comprendre ce qui est arrivé.L'homme est une sorte de savant fou qui vit dans une grande maison sudiste de Georgie,à l'intérieur d'une immense propriété entourée de bayous.Une armée de mercenaires surveillent le lieu,où travaille une équipe de scientifiques qui se livrent à d'étranges expérimentations sur des cobayes humains dont ils mélangent les gènes avec ceux de divers animaux,dans le but de trouver la formule d'un sérum d'immortalité.Mais ça ne marche pas vraiment et la plupart des monstres ainsi créés meurent ou sont lâchés dans les marais alentour,où ils agressent ceux qui ont l'imprudence de s'y aventurer.Heureusement,la Créature des marais veille et protège les populations locales.Il s'agit d'un chercheur,gentil celui-là,que l'horrible docteur Arcane a transformé en hybride humano-végétal dans l'épisode précédent.Ce qui est gênant dans cet hommage-parodie aux séries B d'horreur des années 50,c'est qu'on ne sait jamais trop ce qui relève de l'humour volontaire ou involontaire.Quoi qu'il en soit,ça reste un nanar désopilant.Les dialogues,à base de plaisanteries lourdingues,finissent par amuser,et le côté brindezingue de l'entreprise rend le film hilarant.Les scènes d'action sont complètement nulles,avec des combats maladroits entre adversaires empotés où les coups sont clairement portés à côté et des fusillades où les victimes ne subissent ni impacts ni saignements.Les conversations et les bagarres sont régulièrement filmées en décalage,comme si les champs-contrechamps étaient effectués au ralenti.Mais le plus drôle,évidemment,ce sont les monstres,totalement foirés.Il s'agit visiblement de figurants aux visages affublés de masques en latex peu convaincants,plus ridicules qu'effrayants,qui pourraient tous figurer en bonne place dans la collection "Ze Craignos Monsters" de Mad Movies,la palme revenant à la Créature du Marais,qui parait avoir furieusement influencé les concepteurs du type qui veut ressembler à Cetelem.Le film est en outre très looké eighties:couleurs flashy,futurisme ringard couplé au naturalisme rural,SF délirante.Sur le fond,les grands mythes du fantastique sont convoqués."Frankenstein",pour le bricolage sur la matière humaine,"Dorian Gray",pour la recherche de la jeunesse éternelle,voir la scène du portrait d'Arcane,et "La Belle et la Bête",avec la romance entre la Créature et la belle-fille du docteur,voir la scène du contact pendant lequel la jeune femme voit le monstre sous son aspect d'origine.Mais ce que ça rappelle surtout,c'est "L'île du docteur Moreau" et sa ribambelle de créatures horribles,fruits d'expériences ratées.Bref,on a longtemps l'impression de tenir un petit chef-d'oeuvre du cinéma bis.Hélas,vers les deux tiers du film,tout s'écroule lamentablement.Le rythme chute considérablement,l'histoire s'égarant au gré des aventures mollasses de deux gamins idiots et du flirt gnangnan de la pin-up et de son géant vert,tandis que le scénario prend un tour attendu aboutissant au happy-end moraliste de rigueur.Il faut noter l'éclectisme d'une distribution alignant un Louis Jourdan en fin de carrière qui promène un air distingué et exaspéré seyant fort au personnage d'Arcane,la jolie blonde Heather Locklear,grande vedette de télé,particulièrement dans la série "Melrose Place",mais peu vue au cinéma,Sarah Douglas,brune aux traits durs spécialisée dans les rôles de méchantes,comme dans "Superman" 1 et 2 ou "Conan le destructeur",et Monique Gabrielle,qui fut Emmanuelle dans "Emmanuelle 5".Soulignons la beauté des décors naturels de la région de Savannah et quelques jolis plans dans la brume des marais.