Avalanche de grains de sable

N’en déplaise à ses détracteurs, La Momie tenait du miracle simple mais efficace : Il n'en va toutefois pas de même en ce qui concerne sa suite directe, elle qui s’inscrit dans cette tradition joueuse du « Retour » en fanfare. Une désillusion contredisant nos souvenirs empreints d’un ton fun toujours prépondérant et, semblait-il, d’une teneur épique nettement accrue.

Forcément confortés par le succès du premier opus, Sommers et consorts s’attelèrent rapidement à la production d’un séquel qui paraîtra deux ans plus tard : au menu, les désormais incontournables Rick, Evelyn et Jonathan, épaulés du Medjai Ardeth Bay, face à… un véritable capharnaüm d’antagonistes servant Imhotep, socle foutraque d’une aventure multipliant les lieux et ressorts scénaristiques en comparaison de la précédente. La messe est ainsi aisément dite : Le Retour de la Momie se prend les pieds dans le tapis à force d’en faire trop.

Là où l’intrigue originelle faisait montre d’une certaine parcimonie, de quoi ne pas abuser de la patience du spectateur, il en est ici tout autre : n’ayant de cesse de titiller notre seuil de tolérance, la présente trame se perd rapidement dans un amoncellement de macguffins, personnages et points pivots ajoutant à une confusion tenace. Car au gré d’une nouvelle ouverture pourvue d’une voix-off loquace, intronisant le Roi Scorpion, le fait est que le rôle phare d’Arnold Vosloo ne serait pas le seul mythe de la partie : conjointement à un groupuscule de fidèles zélés, dont les motivations de certains pontes nous échapperont de bout en bout, un bracelet « clé », le fameux Livre des Morts, l’Oasis d’Ahm Shere, le sceptre d'Osiris, l’armée d’Anubis, la réincarnation de Nefertiri, le destin de R... stop !

Sans aller jusqu’à décortiquer l’usage douteux car « prétexte » du dieu funéraire égyptien, il se dessine alors distinctement un tableau fait d’une pléthore d’enjeux indistincts. Pour autant, rien de nouveau sous le soleil, Le Retour de la Momie étant surtout « coupable » d’une redite cédant gravement aux sirènes de l’outrance permanente, du divertissement à tout prix : l’ensemble n’est ainsi pas mauvais, plutôt passable en l’exergue, celui-ci reprenant les principaux codes d’une recette ayant déjà ses preuves.

Le rythme est donc mené tambour battant, les figures principales demeurent contre vents et marées attachantes, Jonathan conserve son statut de trublion comique et l’action nous réserve parfois de franches bonnes idées : gageons que le divertissement est sauf ! Moins crédible et plus prévisible, celui-ci souffre cependant de la comparaison et des écueils susnommés, d’autant que la versatilité de ses effets numériques (tantôt bons comme avec les guerriers d’Anubis, tantôt mauvais tel qu'avec le célèbre Roi Scorpion) conforte cette impression. Nous pourrions malgré tout nous féliciter de jeu pas trop agaçant du rejeton O’Connell, un piège scénaristique à lui seul, ou encore du devenir funestement ironique d’un Imhotep droit dans ses sandales jusqu’au bout (à peu de chose près).

Difficile en somme que de conseiller Le Retour de la Momie, celui-ci échouant à honorer pleinement la belle surprise que fut son aîné : reste une teneur trépidante sporadiquement contagieuse, un ton débridé assez savoureux et des portraits encore et toujours plaisants… suffisamment de quoi signer pour un troisième volet ? Si cela ne fait aucun doute pour les producteurs, le film ayant été un succès probant (et, de fait, La Tombe de l’Empereur Dragon est depuis passé par là), le spectateur n’y rechignera peut-être pas.