Si la saga « Return of the Living Dead » initiée en 1985 par Dan O'Bannon et clôturée en 2005 (avant un inévitable reboot/remake?) est moins connue que celle des charmants zombies de Romero, elle s’en est néanmoins démarquée avec ses idées mais aussi une certaine qualité, au moins dans les trois premiers.

Ses zombies sont plus dégourdis et plus retors, revenus à la vie par un gaz toxique dont l’armée américaine au fil des épisodes ne cesse de mal l’employer. Curt, le fils du directeur de la base, le colonel Reynolds, découvre les agissements de son paternel et veut quitter le foyer familial avec sa petite amie, la fougueuse Julie. Mais quand celle-ci est victime d’un accident de moto mortel (petit point sécurité routière les enfants : un casque, c’est bien, ne pas se tripoter pendant la balade, c’est mieux), Curt décide de l’exposer à ces gaz. La Julie qui en ressort garde ses facultés, mais doit combattre cette terrible faim qui maintenant l’habite, pendant que le malheureux couple doit aussi fuir l’armée et un gang de malfaiteurs à leurs trousses (à la suite d’une petite morsure d’une Julie un peu trop tactile).

Nous fermerons un œil complice sur certaines facilités du scénario, dont cette base militaire aux conditions d’accès assez souples et à la surveillance limitée malgré les secrets qui s’y cachent. Un classique. Ou ce canal présenté comme si profond qu’une voiture ne peut pas traverser alors que Curt se promène dedans avec à peine les semelles des baskets mouillées. Qu’importe.

Car cette deuxième suite prend un parti différent des deux précédents films. Si le gore y est présent, dans une débauche jouissive, ce volet délaisse l’humour pour s’orienter vers une direction peu abordée à l’époque dans le genre, celui d’une histoire d’amour. Par amour, Curt ne prendra pas les meilleures décisions, mais lui et Julie tenteront de rester unis, malgré les difficultés. La jeune fille n’apprécie guère ce nouveau sort, cette faim incessante qui la dévore. Régulièrement, sa nouvelle condition lui fait perdre la tête. C’est par la douleur et l’auto-mutilation qu’elle arrive à rester quelque temps lucide quand les mots d’amour de Curt ne suffisent plus.

Son évolution contrariée va l’amener à ce qui orne l’affiche, une Julie maso, punk et sexy dont le costume et le maquillage prenaient plusieurs heures à son interprète, la belle Melinda Clarke, un effort bien mérité. Une figure qui marque la pellicule et la rétine du spectateur, épaté devant le résultat et troublé par ce mélange pervers de sensualité et de masochisme. Ce basculement affiché arrive tout de même un peu tard, et c’est un peu dommage. D’autant plus que Julie malgré son charisme troublant restera toujours en retrait par rapport à Curt, jeune homme tellement 90’s qu’il a la tête de Johnny Depp (mais c’est pas lui, c’est J. Trevor Edmond), qui ne cessera de la protéger, malgré les petites disputes de couple. Les mésaventures de ses deux jeunes adultes qui ne voulaient que vivre leur passion ensemble créent un certain attachement pour eux, dont l’un et l’autre vont parfois faire des pas de côté pour s’échapper de leur nouvelle situation. Leur conclusion trouve une note parfaite, bien loin d’un « et ils vécurent heureux avec cinq mouflets » qui leur était de toute façon inatteignable.

Curt et Julie auront avant cette résolution d’autres zombies à fouetter, qui, en dehors de quelques rigidités et certaines limites, n’en restent pas moins impressionnants. Leurs vilaines allures en font d’ailleurs des créatures plus grotesques que cadavériques, dans une déformation des corps assez orgasmique. Dans le premier film de Brian Yuzna, on retrouvait d’ailleurs ce goût pour le charnel mou et déformé, même si ici il est plus concret, plus compact.

Brian Yuzna est une figure phare du cinéma d’horreur et de genre des années 1980 et 1990, et c’est probablement lui qu’il faut remercier pour cette suite qui redonne le dernier coup de fouet d’une série de films qui allait ensuite ne jamais réussir à faire mieux. Malgré certaines commodités, Le retour des morts-vivants 3 est un film d’horreur généreux sur le gore, le latex et le sang, et pourtant au service d’une histoire d’amour contrariée, faite de désir, de peine et de douleur, au destin tragique.

SimplySmackkk
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le 14 janv. 2023

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