-« Non, François Perrin, tu n'es pas mort pour rien. »
-On ne vous demande pas de juger, mais de taper cette foutue nécrologie. « François Perrin mort en mission sur une terre étrangère, héroïque soldat de l'ombre, défenseur clandestin des libertés. La France toute entière et le monde libre te doivent reconnaissance et admiration… »
-Vous croyez pas que c'est un peu trop ça ?
-Non, c'est pas trop. C'est con, mais c'est pas trop. « François Perrin, tu paraissais éternel… »
Le Retour du Grand Blond me laisse perplexe étant bien moins réussi que le premier opus qui change totalement d'approche tout en maintenant sa parodie de films d'espionnage. Après le succès du Grand Blond avec une chaussure noire, une suite paraissait impossible à éviter voulant surfer pleinement sur la réussite de ce dernier. Un choix qui ne me dérange guère surtout que le réalisateur Yves Robert est de retour derrière la caméra ainsi que le casting original, et que l'intrigue dans un premier temps choisi colle bien avec les évènements du premier film. De quoi donc rassurer. Seulement cette suite commet l'erreur de se parodier elle-même.
Le plaisir de revoir le comédien Pierre Richard sous les traits de François Perrin est entier, on le retrouve là où on l'avait laissé dans le premier volet à Rio au Brésil, toujours au côté de Mireille Darc alias Christine. Bien que Pierre Richard soit toujours aussi maladroit qu'empoté, celui-ci a perdu sa naïveté étant finalement au courant des enjeux qui l'entoure, ce qui est un problème. En effet le comédien se retrouve intentionnellement au centre de l'action et part dans un déluge de n'importe quoi, où il en fait des tonnes et des tonnes, à un tel point qu'on frôle quelques fois le ridicule. Mireille Darc a aussi perdu de sa superbe, le couple quelle forme avec Richard a du mal à fonctionner tant leur amour est surjoué, à la limite de l'indigeste. Dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, les deux fonctionnaient très bien par leur différence : " la Belle et l'Imbécile ", qui s'est ici transformé en " la Cruche et l'Imbécile Juvénile."
La belle surprise vient du duo entre Jean Rochefort alias Colonel Toulouse le chef des services secrets Français, et Paul Le Person dans le rôle de Perrache son bras droit. Les deux comédiens prennent plus de place à l'écran et font vraiment des merveilles. Jean Rochefort semble rajeuni tel un adolescent qui s'éclate. Les ordres incompatibles concernant les tentatives de meurtres où les protections rapprochées autour de Pierre Richard sont vraiment burlesques. Ils m'ont tous deux amusé tout du long. Chaque scène les mettant en avant est du pain béni. Jean Carmet et Colette Castel sont eux aussi de retour et de manière bien moins amusante. Heureusement, on peut compter sur le retour de la musique culte du grand Vladimir Cosma, qui est toujours aussi plaisant à entendre, même si moins bien employée.
Le Retour du Grand Blond fait tout du long très brouillon, surtout sur la fin qui est négligée, mal réfléchie et trop exagérée. Le scénario manque d'originalité, mais parvient tout de même à offrir à l'intrigue bien plus de rythme que son ainé. Autant de bonnes idées que de mauvaises à retenir, rendant un schéma assez moyen. Les gags sont hasardeux, souvent essoufflés, repompant trop sur des blagues déjà employées, même si certains s'avèrent plaisants et poilants, comme avec la séquence de la mise en scène de la fausse attaque avec le suçage du doigt. Les dialogues sont très enfantins et l'esprit du film est très bon enfant, peut-être trop. Seuls les débats entre le Colonel Toulouse et Perrache sont soignés, offrant de jolies et irrésistibles jouttes verbales.
CONCLUSION :
Le Retour du Grand Blond est une oeuvre trop classique dans sa conduite et trop extravagante dans son incarnation pour pouvoir prétendre être une bonne suite, même si l'ensemble reste un minimum digeste. Yves Robert se repose trop sur ses acquis espérant reproduire les charmes de son premier film en surgénérant par un humour trop poussif, qui finalement n'aura pour résultat que de livrer une comédie idiote. Heureusement certains points positifs sont là pour sauver les meubles comme Jean Rocheford et Paul Le Person qui sont purement hilarants.
Un deuxième opus décevant, mais pas nul.